Les États-Unis ont vivement condamné mercredi la décision d’Israël d’approuver la construction de nouveaux logements dans une colonie de Cisjordanie occupée, la Maison-Blanche accusant Israël de ne pas tenir parole.
Jugeant que cette décision mettait en péril les espoirs de paix, l’exécutif américain, qui dénonce régulièrement ces constructions depuis des années, a opté cette fois-ci pour un ton particulièrement offensif.
« Nous avons reçu des assurances de la part du gouvernement israélien qui sont en contradiction avec cette annonce », a déclaré Josh Earnest, porte-parole du président Barack Obama.
« Si nous parlons de la façon dont de bons amis se traitent l’un l’autre, c’est une réelle source d’inquiétude », a-t-il ajouté.
Barack Obama, qui quittera le pouvoir en janvier, pourrait avant son départ lancer une ultime initiative – probablement sous la forme d’un discours – pour redonner une impulsion, même symbolique, au processus de paix israélo-palestinien en fixant les « paramètres » d’un règlement du conflit et d’une solution à deux États.
De son côté le département d’État américain a publié un communiqué au ton très sec, condamnant « avec fermeté » ce projet qui pourrait compter à terme jusqu’à 300 unités et serait « beaucoup plus proche de la Jordanie que d’Israël ».
« Autoriser rétroactivement des colonies sauvages à proximité, ou redessiner les limites des colonies existantes, ne changent pas le fait que cette approbation contredit les déclarations publiques passées du gouvernement israélien selon lesquelles il n’avait pas l’intention de créer de nouvelles colonies », a-t-il poursuivi.
« Contradiction fondamentale »
Construire cette nouvelle colonie constitue « un nouveau pas vers la consolidation de la réalité d’un État unique avec une occupation perpétuelle ce qui est en contradiction fondamentale avec l’avenir d’Israël en tant qu’État juif et démocratique », a-t-il encore relevé.
L’ONG anticolonisation La Paix Maintenant avait annoncé samedi que les autorités israéliennes avaient donné leur feu vert à la construction de 98 logements en Cisjordanie occupée pour établir une nouvelle colonie ainsi qu’à celle d’une zone industrielle israélienne près de Ramallah.
Selon une porte-parole de l’ONG, les deux projets ont été approuvés le 28 septembre par la haute commission de la planification de l’administration militaire israélienne, après avoir obtenu au préalable le feu vert du ministre de la Défense, l’ultra-nationaliste Avigdor Lieberman.
Les nouveaux logements doivent être construits près de la colonie de Shilo, au nord de Ramallah, et permettre de reloger les habitants de la colonie sauvage d’Amona.
La Cour suprême israélienne a récemment décidé qu’Amona, où vivent une quarantaine familles israéliennes sur une terre privée palestinienne, devait être détruite avant le 25 décembre.
Les colonies sauvages sont des implantations illégales y compris aux yeux de la loi israélienne.
Le ministère israélien des Affaires étrangères, qui se trouve sous la responsabilité du Premier ministre Benyamin Netanyahou, a rejeté les critiques américaines.
« Les 98 unités de logements approuvées à Shilo ne constituent pas une nouvelle colonie », a assuré le ministère. « Ces logements seront construits sur des terres domaniales dans l’implantation de Shilo et ne vont pas changer ses limites municipales ».
La colonisation israélienne des Territoires palestiniens occupés est illégale au regard du droit international et la communauté internationale considère la présence de près de 600 000 colons israéliens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est comme l’un des principaux obstacles à la paix.