Chicago sait toujours offrir aux amoureux du vivre-ensemble les meilleures tranches de leur met favori, surtout si celles-ci sont servies à la sauce démocrate. Mais gare aux gourmets qui trop y goûtent, l’indigestion n’est jamais loin.
Le 16 avril dernier, la vidéo [1] d’une jeune femme blanche lynchée en meute par des adolescents noirs a choqué la sensibilité – à fleur de peau – des sphères conservatrices américaines. Bien que soigneusement boudée par des médias de grands chemins trop rétifs à créer l’amalgame, la scène, d’une rare violence, a essaimé sur la toile et remis au centre du débat la qualité de vie dégradée de la capitale illinoise.
La ville ne compte en effet plus les épisodes anarcho-insurrectionnels qui émaillent ses nuits, mus par une jeunesse afro-américaine apparemment désireuse de se réapproprier l’espace public et quelques propriétés privées au passage. Flatteusement nommés « Teen Takover » (« Prise de contrôle adolescente ») [2], les exploits de ces bandes d’un soir invitent le chaland à goûter le meilleur du Medellin d’Escobar, moins le prix du billet et la pureté de la coke.
Mais les émeutes et fusillades qui pulsent les weekends chicagoans ont un coût que les organismes les plus robustes eux-mêmes ne sont plus prêts à payer. C’est notamment le cas du géant de la grande distribution Walmart, qui, après avoir fermé en février dernier ses établissements de Portland du fait de vols en série, vient de prendre des mesures similaires, pour des raisons similaires, dans ses magasins de Chicago [3].
Ne manquant jamais de faire briller son sens du timing et son goût pour l’auto-critique, le mouvement épidermo-conscient Black Lives Matter a dénoncé ces événements comme une énième preuve d’un racisme systémique envers les populations noires de Chicago ; n’omettant sans doute que par étourderie de mentionner les problèmes qui leur sont endémiques depuis des années.
La situation devrait toutefois s’améliorer avec le départ de la délicieuse maire démocrate de la ville Lori Lightfoot, jugée trop complaisante avec la criminalité rampante de ses administrés. Elle sera prochainement remplacée par Brendan Johnson [4], un démocrate ayant qualifié par le passé le mouvement Defund the Police (couper le financement des services de police) d’« objectif politique réel et véritable ». Une déclaration qui, bien que reniée par l’intéressé depuis, ravira les aspirants Al Capone de la venteuse cité, c’est certain.