Chérif Kouachi, un des principaux suspects dans l’attaque de Charlie Hebdo, était déjà connu depuis longtemps auprès des services antiterroristes français. Il avait d’ailleurs été condamné en 2008 pour sa participation à une filière d’envoi de combattants en Irak. Un reportage diffusé en septembre 2005 par France 3, dans lequel il semble exprimer des regrets dans une correspondance avec un éducateur, refait surface...
Kouachi avait été interpellé en janvier 2005 et jugé en mars 2008 dans le cadre de la filière des Buttes-Chaumont (filière d’envoi de combattants en Irak). Quelques mois après son arrestation, le jeune homme d’origine algérienne, aujourd’hui âgé de 32 ans, apparaissait dans un reportage de l’émission Pièces à conviction, diffusé en septembre 2005 sur France 3.
« Chérif rêve de la vie et des jolie filles »
On y voit des images tournées en été 2004, issues d’un film associatif. « Chérif a alors les rêves de beaucoup de jeunes du quartier. C’est un fan de rap, plus prêt à profiter de la vie et des jolies filles que d’aller à la mosquée. En quelques mois, lui aussi va devenir un des élèves assidus de Farid Benyettou (ndlr : un imam autoproclamé devenu recruteur pour le jihad en Irak) », peut-on entendre dans la séquence.
À travers des citations tirées d’auditions, on comprend à quel point il devient préparé à mourir en martyr. « Farid m’a dit que les textes donnaient des preuves du bienfait des attentats-suicides. C’est écrit dans les textes que c’est bien de mourir en martyr », a-t-il déclaré aux enquêteurs.
Un éducateur : « Avec le recul, il est content de ne pas être parti en Irak » Sa préparation au combat se fait dans le plus grand « amateurisme », expliquent les journalistes : « Deux-trois joggings au parc des Buttes-Chaumont, une rencontre fugace avec un soi-disant spécialiste des armes qui lui explique le maniement d’une kalachnikov. »
Dans la suite du reportage, on entend également le témoignage d’un éducateur social qui fait état d’un changement d’état d’esprit positif dans le chef de Kouachi. « Avec le recul, il est content de ne pas être parti, c’est clair. Il s’est aperçu qu’à cette période, il avait changé, chose dont il ne s’était pas aperçu à ce moment-là. Il s’est aperçu qu’il s’est fait rouler dans la farine, et qu’il s’était embarqué dans quelque chose qu’il n’a pas maîtrisé », témoignait-il à l’époque pour France 3.
La suite tragique, hélas, on la connaît désormais...
Le passé judiciaire de Chérif Kouachi
Né en novembre 1982 dans le Xe arrondissement de Paris, de nationalité française, Chérif Kouachi faisait partie de « la filière des Buttes-Chaumont » (du nom du parc du 19e arrondissement où quatre d’entre eux se rejoignaient pour courir), qui a incité entre 2003 et 2005 des jihadistes à rejoindre la branche irakienne d’Al-Qaïda, dirigée à ce moment-là par Abou Moussab al-Zarkaoui. À partir de 2003, ces jeunes commencent à fréquenter la mosquée Adda’wa, où on leur parle du djihad.
« Avant, j’étais un délinquant. Mais, après j’avais la pêche, je calculais même pas que je pouvais mourir », affirmait en 2008 Chérif Kouachi, rapporte le journal Le Monde. Le jeune homme change en bien, dans un premier temps. Il s’éloigne de la petite délinquance, mais en cachette, à force de surfer sur des sites radicaux, il se radicalise. Chérif Kouachi avait été interpellé avant son départ et jugé en 2008. Il déclarait alors lors du procès : « Plus le départ approchait, plus je voulais revenir en arrière. Mais si je me dégonflais, je risquais de passer pour un lâche ». Il avait finalement été condamné à trois ans de prison pour ces faits, dont 18 mois avec sursis.
Après cette première condamnation, Chérif s’éloigne de la capitale française et s’installe dans la région de Reims. En 2012, il revient dans l’actualité avec la tentative d’évasion de l’islamiste Smaïn Aït Ali Belkacem, ex-membre du Groupe islamique armé algérien (GIA), condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité suite à l’attentat à la station RER Musée d’Orsay en octobre 1995 à Paris (30 blessés). Il était également soupçonné d’avoir participé à des camps d’entraînement avec Djamel Beghal, figure de l’islam radical français, condamné à dix ans de prison pour la préparation d’attentats. Mis en examen, il avait finalement bénéficié d’un non-lieu dans cette affaire. Pour ensuite tomber dans l’oubli jusqu’à hier.