Emmanuel #Macron : chercher du travail "au lieu de foutre le bordel" : mépris, maladresse ou vérité ? https://t.co/58mGBwtPOY pic.twitter.com/XrcA1UaVaL
— France Culture (@franceculture) 5 octobre 2017
Mercredi 4 octobre 2017, le jeune président Emmanuel Macron veut faire un coup social... et pas un coût social. Il s’est fait organiser un voyage en Corrèze, dans cette France profonde et ouvrière que les politiques maîtrisent mal. Un langage qu’il a aussi mal maîtrisé puisque, après les heurts entre manifestants de l’entreprise GM&S et les CRS (une entreprise de maintien de l’ordre, très développée en France), il s’est adressé aux officiels, dont le Président de la région Aquitaine, en ces termes :
Pour Macron "certains" GM&S "feraient mieux" de chercher des postes "au lieu de foutre le bordel" https://t.co/oJO2V1NlDH pic.twitter.com/RJz9GYYbHS
— franceinfo (@franceinfo) 4 octobre 2017
Une « petite phrase » à la Sarkozy, quand ce dernier avait répliqué au Salon de l’Agriculture en février 2008 « casse-toi pauvre con » à un paysan qui lui avait lancé « ah non, touche-moi pas, tu me salis » :
Eh oui, cela fait partie du dialogue social chez nous. Aussitôt après la bombinette atomique macronienne, qui a appuyé sur le bouton rouge social, et à dessein probablement, les opposants au président-banquier ont levé leurs piques et leurs fourches. Même les élus socialistes ont dénoncé un « mépris de classe », eux qui ont été très loin dans la trahison de la classe ouvrière, il faut le rappeler. La France insoumise, qui tente de prendre la tête de l’opposition, y a été de ses critiques acides, ce qui a permis d’éteindre un peu les polémiques sur les sorties de Garrido et Obono.
#Mélenchon apprenant que Rachel #Garrido n’aurait pas payé ses cotisations Retraite depuis 6 ans ni celles à l’ordre des Avocats depuis 1 an pic.twitter.com/EqfES4n0hx
— F.G #AvecLW (@Sisf94) 3 octobre 2017
Remarquez, ces sorties sont aussi calculées : elles permettent à la France insoumise d’être, de manière négative ou positive, chaque jour dans l’actu, d’occuper l’espace médiatique, de le saturer, et d’éjecter la concurrence du FN qui, il est vrai, est totalement inexistant. Seuls Les Patriotes, avec un Philippot adepte de Twitter et toujours invité sur les plateaux télé (avec l’arrière-pensée de faire exploser le FN de la part des directions de chaînes) ont envoyé un petit missile du camp national :
Pour rattraper la saillie méprisante de Macron, Castaner explique donc que les Français parlent mal et sont incultes.Ça s’appelle creuser... pic.twitter.com/sK02UHscmA
— Florian Philippot (@f_philippot) 5 octobre 2017
Dans le team communication de Macron, incarné par la paire Castaner & Roger-Petit, on a répliqué à ces tirs de missiles en sortant deux boucliers. Pour Castaner, le porte-parole du gouvernement amoureux de son patron, ce dernier « dit ce qu’il pense » et s’adresse aux Français dans leur langage. Bruno Roger-Petit, très discret jusque-là, tant sa nomination a soulevé de critiques (c’est un apparatchik sans talent qui attaque sans discernement ceux que le pouvoir lui demande d’attaquer), a voulu sortir une botte secrète, le « contexte » :
La vraie citation, en version vidéo non tronquée. pic.twitter.com/iF9HtLvUgh
— Bruno Roger-Petit (@PPElysee) 4 octobre 2017
Un coup d’épée dans l’eau, un pauvre tweet qui n’atténue pas l’impression de mépris social. Pauvre BRP, ce paléo-socialiste obligé de défendre la classe dominante contre la classe dominée ! Tout ça pour un poste d’où il giclera bientôt, c’est écrit, Macron ayant même reconnu en off que c’était une erreur de casting.
Sur BFM TV, la chaine de Drahi qui a participé à l’élection de Macron, on considère que Macron a dérapé volontairement :
« Com » réussie ou « com » ratée, rétropédalage réussi ou encore plus raté, il reste que Macron était venu à Égletons pour parler d’une entreprise de fonderie qui avait du mal à recruter, un rendez-vous qui tombait mal après les débordements des syndicalistes et des ouvriers de GM’S, situés pas loin de là. Castaner précise :
« Ceux qui manifestaient étaient les syndicats d’une entreprise voisine, GM&S, sur laquelle l’État, les collectivités locales, se sont très fortement mobilisés pour la sauver... La situation de blocage organisée par certains a fait peur à tous les investisseurs. »
Où l’on retombe sur l’éternel débat, en France, qui sépare véritablement la gauche de la droite, sur le travail. Qui aliène pour les uns, libère pour les autres, sans faire de sombre et nauséabond jeu de mots. Mais tous les boulots ne se valent pas. Dans la ligne ouverte de l’émission de Bourdin ce jeudi 5 octobre au matin, un des auditeurs a lâché ça :
#GMS "Les Français ne veulent plus forcément se lever pour aller travailler dans une boucherie !" Florian Karl #GGRMC
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) 5 octobre 2017
Ce que tous les bouchers de France et de Navarre confirmeront !
Alors, sans mélanger les choses, car il y a un chômage massif produit par les décisions financières internationales répercutées en France, décisions des actionnaires qui préfèrent le capital au travail, la marge à l’embauche, il y a aussi un chômage structurel chez nous dû à la trop faible différence entre les maxima sociaux et les minima salariaux.
En gros la queue du Smic touche la tête des allocs, familiales plus logement. Et ça n’incite pas au forcément au travail, surtout s’il est dur, répétitif et sans espoir de carrière. On en revient alors à la formation et à l’école, la base de tout. Et vu l’état de l’école aujourd’hui, après 50 ans de socialisme émancipateur...
Le serpent économico-éducatif français se mord la queue. Sauf si l’école change.