Face à l’afflux massif de migrants dans la gare de Milan, un refuge a été ouvert dans un lieu symbolique de la Seconde Guerre mondiale.
« Indifférence ». Un cri qui s’étale en toutes lettres gravées sur un mur en béton gris. Il masque des wagons à bestiaux d’époque dans lesquels voyageaient les déportés vers Auschwitz. Le Mémorial de la Shoah de Milan a ouvert en 2013, l’année du début de Mare Nostrum, dans les sous-sols de la gare centrale, Binario 21, quai 21. Il y a encore quelques mois, c’est ici qu’arrivaient les trains de nuit empruntés par les réfugiés voulant refaire leur vie en Allemagne. Il y a soixante-dix ans, c’est d’ici que partaient les trains de déportés pour les camps de la mort du Reich.
Un lieu de mémoire intact qui revient au coeur de l’actualité depuis que Milan est devenu l’une des portes d’entrée des migrants en Europe du Nord. Plus de 70.000 migrants y ont ainsi transité depuis le début de l’année. Plus de 2.500 se sont arrêtés une nuit ou quelques heures dans le vestiaire du mémorial transformé en refuge. Chaque jour, une quarantaine de personnes en moyenne y font halte dans l’attente du premier train pour Munich ou Vienne. Elles peuvent dormir sur des lits de camp, prendre une douche ou se restaurer. Une peluche traîne sur une table.