Les placements financiers des barreaux leur ont rapporté entre « 60 et 70 millions d’euros » en 2014. Christiane Taubira leur réclamait 5 millions d’euros pour la justice des plus pauvres. Un casus belli.
Les avocats ne lâcheront rien. Et surtout pas la pression sur Christiane Taubira, ministre de la Justice, avant qu’ils n’aient eu l’assurance qu’ils n’auront pas à contribuer à hauteur de 5 millions d’euros à l’aide juridictionnelle, un dispositif permettant aux personnes les plus démunies d’avoir accès à la justice.
Cette enveloppe devait être prélevée sur les produits financiers des fonds gérés par les caisses des règlements pécuniaires des avocats, les fameuses CARPA, qui reçoivent et font fructifier les sommes perçues par les robes noires dans le cadre de leur activité professionnelle.
Des placements lucratifs
La CARPA de Paris, qui compte 23.000 avocats sur les 56.000 en France, gère en moyenne 15 milliards d’euros de flux par an.
A l’Union nationale des Carpa (UNCA), regroupant les caisses des 160 barreaux, on précise que les encours moyens quotidiens oscillent entre 2,7 et 3 milliards d’euros. Placés sur les marchés financiers à un taux de rendement d’environ 2 %, ces encours ont rapporté pour la seule année 2014 de « 60 à 70 millions d’euros ». Et autant les deux années précédentes.
Menace sur la justice
Le gouvernement entendait donc ponctionner 5 millions sur ces produits financiers. L’opération pouvait paraître relativement indolore pour les avocats qui, nonobstant la crise et l’appel à la solidarité nationale, ont préféré s’accrocher à leur cagnotte. L’UNCA souligne qu’elle débourse déjà 17 millions d’euros au titre de « la gestion de l’aide juridictionnelle » et que les placements s’annoncent moins lucratifs pour les années qui viennent. Le taux de rendement devrait être de 0,5 à 1%.