Le compte d’Henry de Lesquen a été suspendu en raison d’un tweet ouvertement antisémite. Car les nouvelles règles européennes pourraient contraindre Twitter à plus de sévérité.
Dans la nuit de lundi à mardi, le compte d’Henry de Lesquen, homophobe, raciste et antisémite notoire, et qui ambitionne d’être candidat à l’élection présidentielle de 2017, a été suspendu par Twitter.
Pour un responsable politique, c’est une première en France. Enfin presque : en 2009, le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre avait vu son compte suspendu durant quelques heures en raison de signalements massifs de la part d’internautes hostiles – nous étions alors aux débuts de Twitter et le compte avait été réactivé dès le lendemain.
Mais la suspension du compte d’Henry de Lesquen survient dans un contexte tout à fait différent. La cause ? Un tweet ouvertement antisémite : « Le génocide des 30 millions de Slaves exterminés par les chefs bolcheviks, en majorité juifs, est prouvé ».
Ce message a évidemment scandalisé les associations de lutte contre le racisme. Car en matière de contrôle des publications, et notamment lorsqu’il s’agit de réprimer les propos racistes tenus par des personnalités de droite et d’extrême droite, les réseaux sociaux font rarement figure de bons élèves.
Des tweets racistes longtemps impunis
En France, la loi est tout ce qu’il y a de plus claire en matière de liberté d’expression. Depuis 1881 (déjà), toute provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence peut déboucher sur une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an de prison ferme, ou à une amende de 45 000 euros.
Twitter a beau indiquer dans son règlement que la méthode du « contenu suspendu dans un pays spécifique » lui permet de s’adapter aux législations nationales en vigueur en matière de liberté d’expression, et ainsi de bloquer des tweets ou de suspendre des comptes trop véhéments, force est de constater que la quasi-totalité des tweets dont le contenu pourrait être facilement bloqué pour des raisons légales passait jusqu’ici à travers les mailles du filet.
La preuve lors des élections départementales de l’année dernière, quand L’Obs a révélé les propos racistes, antisémites ou homophobes de dizaines de candidats du Front national sur les réseaux sociaux.