Catherine Griset, la cheffe de cabinet de la candidate d’extrême droite à la présidentielle française Marine Le Pen, a été inculpée pour recel d’abus de confiance dans l’enquête sur des soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen, a-t-on appris mercredi de source judiciaire. Le garde du corps de Marine Le Pen, également entendu par les enquêteurs, a en revanche été laissé libre, a précisé cette source.
Après François Fillon, Marine Le Pen est à son tour gênée par une affaire d’assistants parlementaires en pleine campagne présidentielle : son garde du corps et sa cheffe de cabinet étaient en garde à vue mercredi dans l’enquête sur des soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen.
La défense de Marine Le Pen semble devoir voler en éclat au regard de la défense de Catherine Griset, sa prétendue assistante au Parlement européen de 2010 à 2016. C’est ce qu’il ressort des conclusions de l’Olaf, l’Office européen de lutte anti-fraude, dont L’Obs a eu accès.
Suite à ce rapport, qui accuse la leader du FN d’avoir détourné des fonds européens pour rémunérer pendant cinq ans une assistante qui occupait un poste au siège du parti, le Parlement européen doit, en théorie, saisir la moitié de son indemnité parlementaire ainsi que la totalité de son enveloppe de frais généraux. Soit 7.400 euros sur les 10.400 euros perçus normalement.
Cabale politique
Pour Marine Le Pen, qui dénonce une « cabale politique », « l’argumentation extraordinaire de l’Olaf » ne se basait sur rien. L’Obs, qui a eu accès à l’interrogatoire de Catherine Griset par l’Olaf, démontre le contraire. Les enquêteurs ont bel et bien récolté plusieurs éléments. Dans une déposition datant du 2 juillet 2015, Catherine Griset justifie l’absence de bail locatif, de contrat d’eau ou d’électricité en Belgique (les assistants parlementaires doivent travailler et vivre à Bruxelles) par un logement de fortune chez des amis.
« J’ai été logée par des amis qui avaient une grande maison », au début dans sa propre chambre, avant de se retrouver sur « un canapé-lit » en raison de travaux d’agrandissement dans l’habitation. Or, un témoin anonyme semble formel : Griset n’a jamais passé une semaine entière à Bruxelles. Autre élément troublant, la fille de Catherine Griset est restée scolarisée dans les Hauts-de-Seine. « J’ai préféré la laisser aux bons soins de ma mère et de mon compagnon », justifie-t-elle.
Rentrées par le parking
Les enquêteurs n’ont par ailleurs trouvé que peu de traces des entrées et sorties du Parlement de l’amie de Le Pen depuis vingt-deux ans. Entre le 1er octobre et le 31 décembre 2014, elle n’y serait restée que trois heures. « Je rentrais par le parking, dans la même voiture que madame Le Pen », explique-t-elle.
Une version difficile à imaginer compte tenu du règlement interne au Parlement. Comme le précise L’Obs, les assistants sont censés emprunter un portique spécifique lorsqu’ils sortent du parking et prennent l’ascenseur. Elle aurait donc profiter des largesses de la sécurité pour entrer par le portique des députés, ce qui est interdit.
Plus d’1 million d’euros détournés
Griset a été placée ce mercredi en garde à vue à l’instar de Thierry Légier, salarié comme assistant en 2011 et connu pour être le garde du corps de Marine Le Pen. Cinq députés FN sont également visés par des mesures de recouvrement de la part du Parlement européen. Outre Marine Le Pen, on retrouve : Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch, Mylène Troszczynski, Sophie Montel et Dominique Bilde. Au total, 1,1 millions d’euros doivent être remboursés par ces 6 députés pour avoir salarié à Bruxelles des collaborateurs qui travaillaient en réalité pour le parti, à Nanterre.