Passons sur la Palme d’or, refilée à Justine Triet pour le misérabiliste Anatomie d’une chute. La Palme du chic, c’est plus important. Pour reconnecter un peu le festival de Cannes avec les jeunes, qui ne vont plus au cinéma, rapport au prix des places et au misérable contenu des films proposés, les organisateurs ont prévu d’y inviter des influenceurs, des youtubeurs et autres stars de téléréalité. Le risque, c’est de voir le chic cannois en prendre un coup dans la couscoussière, mais on a rien sans rien.
C’est ainsi que Bilal Hassani, chanteur de téléréalité, a été casté pour juger des tenues – on dit le look – des uns et des autres par le magazine Vogue, qui trône tout en haut de la chaîne alimentaire de la presse mode. Bilal, le look branché, il s’y connaît, comme en attestent ces photos.
D’abord, Bilal en robe de mariée (avec la mort ?) :
Ici, Bilal arbore une magnifique « iroquois » :
Ceux qui penseraient que Bilal fait la gueule se trompent : un mannequin, si beau soit-il, se doit de faire la tronche. Mais il y a peut-être le stress du photo call, ce mur de photographes du monde entier qui ne loupent rien, car dans le tas il y a toujours un petit malin qui shoote le détail qui tue.
Bilal ne s’arrête pas au look, il sait aussi donner des conseils psychologiques, par exemple pour attirer l’amour. Et Dieu sait si les jeunes en ont besoin : le sexe, c’est facile ; l’amour, c’est plus dur à trouver.
Dans un autre genre, plus ou moins féminin, Cannes a invité la chanteuse Yseult, qui a chopé un jour une Victoire de la musique en dénonçant l’enfer de la grossophobie.
Lutter contre la transphobie et la grossophobie, c’est bien, mais il ne faut pas non plus effrayer les jeunes (et surtout les enfants), qui ont besoin de modèles positifs, pas toujours de personnes discriminées pleurnichardes.
Par exemple – et on remercie en cela le lecteur qui nous a envoyé de beaux clichés en noir et blanc –, en 1962, les stars s’appellent Alain & Romy :
La honte, ils sont habillés comme des vieux et ils ont même pas la couleur !
La dégradation du chic, soyons indulgents, ce n’est pas une spécialité française. Ainsi, la superstar du tournoi 2023, Leonardo Di Caprio, invité pour le dernier Scorsese, est venu en tee-shirt informe à la très smart soirée du couple Pinault-Hayek, au cours de laquelle il a englouti de fortes doses d’alcool en inhalant des termitières de cocaïne.
Après sa nuit démoniaque à l’hôtel Martinez, @leodicaprio a encore rechuté hier soir. Il se prenait devant Mr Pinault pour Johnny Depp dans Pirates des Caraïbes. Son surnom est maintenant l’aspirateur. Il a une fille qui le suit à la trace pour lui fournir un gramme par heure. pic.twitter.com/EJSVXuVNio
— Zoé Sagan (@zoesagan) May 22, 2023
Nous, si on fait ça, on se fait gronder. Mais ça, c’est le privilège des stars. Cela n’a pas empêché Harrison Ford, invité pour le dernier (mais tout dernier, promis) Indiana Jones, de troquer sa tenue d’aventurier pour un sobre costume. Heureusement, car il s’est vu remettre une palme d’or pour l’ensemble de sa carrière par une Iris Knobloch très, très excitée.
Visiblement, l’opération séduction de Cannes en direction des jeunes n’a pas vraiment fonctionné. En guise de jeunes, on n’a vu que des fils et filles de, des pseudo-stars de téléréalité et des acteurs français pas au niveau, question look. On retire quand même du lot la chanteuse Juliette Armanet, grande fille à la beauté étrange, qui avec son ensemble Dior « tie and dye » ultra-violet a sauvé du désastre le photo call de l’équipe de Rosalie.
On l’admire à partir de 13’17 (mais on évite le reste) :
En 2018, elle avait rendu hommage au génial Michel Legrand :
Juliette, c’est le talent et le chic français, comme quoi tout n’est pas foutu.