Jean-Christophe Cambadélis a préconisé, le mardi 12 janvier 2016, la constitution d’une ’garde nationale’ qui pourrait rassembler ’plusieurs dizaines de milliers de citoyens’. Il invoque à cette occasion la « tradition issue de la Révolution française ». Un lecteur de lundimatin se propose ici de le corriger. Petite leçon d’histoire de France.
Bientôt une « garde nationale » citoyenne en France ? C’est en tout cas le vœu formulé par Jean-Christophe Cambadélis, ce mardi 12 janvier 2016. Le chef de file du PS veut ainsi renouer avec la « tradition issue de la Révolution française », afin d’épauler les forces de sécurité.
Des milliers de citoyens concernés
« Il nous semble opportun de faire appel au civisme et à l’esprit patriotique de nos concitoyens. Et de renouer avec une tradition issue de la Révolution française jusqu’en 1870 : les gardes nationaux », a plaidé le premier secrétaire du PS, lors de la présentation de ses vœux à la presse.
« La garde nationale, a-t-il expliqué, pourrait mobiliser toutes les réserves des forces armées, la gendarmerie nationale, la police nationale et les unifier dans un dispositif unique. C’est plusieurs dizaines de milliers de citoyens mobilisables. »
Après les attentats de 2015, « il faudra trouver un moyen pour épauler nos forces de sécurité (...) Les forces de sécurité ne peuvent être mobilisées sans arrêt », a-t-il fait valoir.
La falsification de l’histoire n’est décidément pas une spécialité stalinienne !
Peut-être faut-il rappeler que la garde nationale, nouveau nom de la garde bourgeoise – qui deviendra plus tard garde républicaine –, avait d’abord pour mission de défendre les propriétés bourgeoises.
Et que cette milice armée – paramilitaire, dirait-on aujourd’hui – s’est d’abord illustrée dans la répression des émeutes populaires, des émeutes de pauvreté.
La « tradition issue de la Révolution française », dont parle Cambadélis, est, encore une fois, celle qui se nommera thermidorienne.
Et de même que la police (de répression) est composée de pauvres amenés à réprimer d’autres pauvres – sous le commandement des officiers bourgeois ou nouveaux féodaux –, la garde nationale nouvelle sera composée des exclus du système scolaire ou professionnel encadrés par les officiers militaires de la gendarmerie ou de l’armée classique. Le service militaire volontaire était conçu comme un moyen de minorer les chiffres du chômage.
Si la garde nationale peut effectivement relever d’une certaine tradition française, elle est à chercher du côté des contre-révolutionnaires et non de la révolution.
Au reste, une simple lecture des articles de Wikipedia sur le sujet, permet d’établir que Jean-Christophe Cambadélis est un « négationniste ».
« Négationniste » signifiant, en contexte, que l’auteur nie l’histoire établie, celle qui montre que la garde bourgeoise, puis garde nationale, puis garde républicaine, a été la milice armée (ou paramilitaire) au centre des répressions des émeutes, des révoltes, voire des révolutions, comme en 1848.
Est-ce un « détail secondaire » de l’histoire que cette milice « pour la protection des propriétés » est marquée du sceau sanglant de l’infamie ?