Symbole du poids de la diplomatie française au sein des instances bruxelloises, la proposition du gouvernement Valls de maintenir sur le sol européen et de répartir les migrants dans les pays de l’UE a été adoptée par la Commission européenne et doit être présentée à ses dirigeants le 30 juin prochain.
D’après ce plan, 20 000 clandestins, déjà présents sur le territoire de l’Union, principalement en Italie, en Grèce et à Malte, devront être répartis sur deux ans, au sein des pays membres, qui auront le devoir de les accueillir par quotas. Leur nombre sera décidé en fonction de la taille du pays et de sa population, de son PIB, du taux de chômage et du nombre de réfugiés déjà accueillis ; ainsi l’Allemagne, la France et l’Italie seront-elles en tête des pays hôtes.
Le Royaume-Uni, l’Irlande, le Danemark ont déjà décliné la proposition du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui leur a octroyé une « dispense ». Londres, via son ministre de l’Intérieur, Theresa May, a affirmé l’opposition du Royaume-Uni à l’initiative bruxelloise :
« Les migrants qui tentent de gagner l’Union européenne en traversant la Méditerranée devraient être renvoyés. Je suis en désaccord avec [la chef de la diplomatie européenne] Federica Mogherini quand elle soutient qu’aucun migrant ou réfugié intercepté en mer ne sera renvoyé contre son gré. Une telle approche ne peut qu’encourager plus de gens à risquer leur vie. »
La Hongrie a réagi par la voix de son Premier ministre, Viktor Orban :
« L’idée européenne que quelqu’un puisse laisser des réfugiés pénétrer dans son pays pour ensuite les “redistribuer” dans d’autres États membres n’est pas équitable, elle est folle ».
La République tchèque et la Slovaquie sont contre ce projet. La Pologne et les pays baltes ont émis des réticences.
Parmi les autres propositions de la Commission européenne : la création d’un centre d’accueil des migrants au Niger où seront pré-désignés leur nombre et les pays qui devront les recevoir, ainsi qu’une présence en mer plus massive afin de sauver les candidats à l’immigration.
Enfin, l’Organisation des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a demandé à l’UE d’offrir 20 000 places d’hébergement par an rien que pour les Syriens réfugiés dans les pays du Proche-Orient (36 000 réfugiés d’entre eux ont déjà pénétré au sein de l’UE en 2014).
L’aveuglement de l’Europe face à l’invasion migratoire se traduit une nouvelle fois par une poursuite de sa politique d’accueil, doublée de la sottise de penser que les clandestins resteront dans le pays hôte qui leur a été désigné et ne profiteront pas de la liberté de circulation qu’offre l’espace Schengen.