Résister, ce n’est pas juste dire ce qu’on pense, même si dans la France de 2021, cela peut valoir des ennuis. Depuis que le Net est Net, beaucoup de gens disent ce qu’ils pensent, c’est parfois très radical, ça parle de révolution, d’insurrection, de soulèvement, mais au premier choc, on voit qui reste sur le terrain, et qui détale comme un lapin.
Je ne sais pas ce qui a motivé mon Confrère Di Vizio à prendre de graves décisions allant jusqu’à quitter le navire ! Je suis attristé !!!! En revanche REACTION19 et moi-même sommes là avec la même énergie, avec la soif de libertéje reste et je continue à me battre
— Brusa Carlo Alberto (@cab2626) September 16, 2021
Le choc, c’est le feu dans lequel se forgent les épées, et les volontés. Une volonté qui se fissure à la première résistance du Système, qui résiste évidemment à la résistance, quand il ne l’attaque pas d’emblée, il réagit comme un corps organique, il y a une résistance ou une agression ici, il envoie ses globules blancs, qui peuvent être les journalistes, les hommes politiques, les juges ou les flics, eh bien cette volonté n’en est pas une. C’est une envie de volonté. Une volonté n’accepte pas la concession, elle se brise ou tient le coup, il n’y a pas d’entre-deux.
Résister, c’est savoir qu’on est dans un vrai combat, qu’on ne doit pas être surpris en cas d’attaque, qu’on peut tout perdre, mais qu’on peut aussi tout gagner. Et on ne peut pas gagner si on n’accepte pas de tout perdre, même la vie. Or, aujourd’hui, pour ne parler que de la France, qui meurt pour quelque chose de plus grand que soi ? Nos 90 soldats en Afghanistan, probablement, et un certain Venner qui s’est suicidé devant l’autel de Notre-Dame, mais on les compte sur les 100 doigts de 10 mains. S’il faut mourir un jour, et ce sera le cas, pourquoi ne pas mourir pour quelque chose, pourquoi ne pas donner son bien le plus précieux à un combat, un espoir ?
Tous les insatisfaits, tous les révoltés, tous les assoiffés de justice veulent un changement, sinon la révolution. Mais c’est un long travail : Mao a guerroyé pendant 30 ans pour devenir le maître de la Chine. Et après, s’il a conservé le pouvoir pendant 25 ans, c’était parce qu’il avait toujours cette volonté de fer, forgée dans l’adversité, quoi qu’on pense des réalisations politico-économiques de l’empire du Milieu entre 1950 et 1976, date du changement de régime.
Toujours la même question...
Depuis l’instauration du régime néolibéral en France, soit les années Sarkozy, beaucoup d’intellectuels, connus ou inconnus, sont montés au créneau pour dénoncer cette « évolution » qui fait beaucoup de mal à notre pays, à notre culture, à notre vivre-ensemble, à la paix civile, pour tout dire.
Deux décennies plus tard, en pleine dictature sanitaire, d’autres voix s’élèvent encore plus fort pour dénoncer la destruction programmée de notre modèle social et national. Parmi ces voix, qui sont toutes sincères, nous l’admettrons, certaines ont fini par disparaître ou se taire au premier choc. Étienne Chouard et François Boulo, deux penseurs de la révolte des Gilets jaunes, en font partie. Il ne s’agit pas de dénoncer une prétendue lâcheté, mais de montrer que tout le monde n’a pas la volonté d’aller jusqu’au bout. Peut-être pas de mourir, mais de vivre très mal, de vivre plus durement, pour ses idées. La résistance ne s’accommode pas du confort, mental et physique.
Le 9 mai 2021, sur Sud Radio, l’avocat Gilet jaune François Boulo nous annonce qu’« il y aura une révolution en France ». Très vite, il se défend de toute attaque contre le pouvoir profond :
« Chuis pas raciste, chuis pas antisémite, chuis pas complotiste, chuis rien du tout, en tout cas on m’a jamais accusé de tout ça, fort heureusement, et pourtant chuis pas invité. »
Dans ce cas, sa révolution : contre qui ? Les méchants ?
Le vrai choc pour François Boulo, qui a été malgré tout très médiatisé, ça a été la soirée chez Simon Collin, qui réalise des interviews très people – façon Ardisson – dans ses Clochards célestes. Le choc a été rude, Collin a secoué Boulo, l’échange a été vif, et la vidéo complète a été supprimée (Boulo est avocat au barreau de Rouen). C’était pourtant un vrai test de résistance : Collin n’est pas le NKVD ni la Gestapo, et les interviews n’ont pas à être toutes complaisantes.
Que fait donc Simon Collin avec Alain Soral, le verre de champagne à la main ? Cela devrait intéresser @BouloGiletJaune ! Et cela expliquerait peut être les gages qu'il donne ici https://t.co/WAXAikm1cF. Bientôt la techouva, Simon ? pic.twitter.com/Sbeos1gJCT
— JosephGo (@JosephG28479052) July 15, 2020
Revenons un instant sur l’affaire Chouard : l’homme qui a mené très intelligemment la lutte contre le référendum de 2005 s’est carapaté devant le duo Denis Robert & Mathias Enthoven sur la question « antisémite ». Il a ensuite, alors que c’est un homme brillant et sensible, été démoli par les médias mainstream, qu’on en juge par ce papier de Guillaume Erner, le commissaire politique de France Culture, qui ne fait ni dans la France ni dans la culture...
Pour être franc, de grandes intelligences ont été, sont ou seront antisémites, de Voltaire à Karl Marx, en passant par Roger Garaudy, et puis… Et puis il y a Étienne Chouard, ce prof qui s’est fait connaître au moment du référendum sur l’Europe, en 2005, devenu, à la faveur de la crise des Gilets jaunes, l’un des théoriciens du RIC, le Référendum d’initiative citoyen. Et lorsqu’il est question d’Étienne Chouard, on songe au mot de Bebel, ce social-démocrate allemand du XIXe, lequel estimait : « l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles ». Or donc, Étienne Chouard, interrogé sur Le Média sur l’existence des chambres à gaz, a estimé qu’il ne pouvait pas se prononcer puisqu’il n’avait pas travaillé la question.
D’où le problème suivant : Étienne Chouard est-il un antisémite, un imbécile, ou bien les deux à la fois ? Car, cette forme de révisionnisme — sur le mode je ne sais pas ce qui s’est passé à Auschwitz, je n’y étais pas — arbore le chic radical du doute scientifique. Pour autant, ces Descartes au petit pied défendent une position impossible à tenir, car chaque page de chaque livre d’histoire est pleine d’histoires rapportées pour des gens qui n’y étaient pas. Je n’étais pas à Alésia, à Valmy ou au mur des Fédérés, et c’est d’ailleurs pour cela que ces événements relèvent de l’Histoire. Je ne suis pas plus capable de corroborer les théories d’Einstein ou de Darwin, et c’est la raison pour laquelle il existe une division du travail entre les spécialistes et ceux qui ne le sont pas. Je ne peux pas être spécialiste en tout, sauf à vouloir être ignorant en tout. Du reste, Descartes n’a jamais invité au doute radical, il a surtout incité à douter de nos sens, lesquels peuvent nous tromper.
Pour Chouard, il s’agit d’un choc, un vrai choc, un premier choc. Il s’est alors fait tout petit, comme dans la chanson de Brassens, devant la toute-puissante Élisabeth Lévy, qui jouit de son statut d’intouchable dans les médias.
Chouard n’est pas un lâche, puisqu’il a été au combat, mais quand les globules blancs du Système sont venus l’attaquer, il a reculé. Or, vaincre sans combattre, par le simple fait de la peur infligée, c’est ce que cherchent les globules blancs du Système. Il suffit de ne pas avoir peur, de ne pas craindre ses foudres, pour se sortir de ce piège. Quand on accepte d’être trempé jusqu’aux os, on ne craint plus la pluie.
Plus près de nous, l’avocat Di Vizio, qui a fait beaucoup pour les antivax et les anti-pass, s’est retiré in extremis, au moment où ses soutiens avaient le plus besoin de lui et de son action juridique. Il s’en explique sans vraiment s’expliquer sur Twitter. Nous reproduisons ici ses raisons, avec deux commentaires.
@adspe va accompagner les personnes soumises à obligation vaccinale et qui seraient suspendues en déposant des référés symboliques devant les juges Locaux en cas de suspension. Il n’est plus possible de télécharger de plainte 1/6 9:51 PM • 14 sept. 2021•Twitter for iPhone
Parce que le système ne le permet plus et réactualiser le site nous coûte trop cher ! Nous avons fait ce que nous pouvions ! L’association sera dissoute la semaine prochaine, ses locaux ayant d’ores et déjà fait l’objet d’un préavis abrégé. Je n’ai aucun intérêt à maintenir 2/6
Une structure qui nous coûte autant d’argent. Des bénévoles prendront le relais dans d’autres associations existantes. J’ai écrit à @Cyrilhanouna pour lui dire que je déclinai son offre de chroniqueur. Je serai présent pour la dernière fois samedi à la manif et ensuite 3/6
Je retournerai faire ce que j’aime + que tout : m’occuper de ma fille et de ses chevaux ! Dans quelques semaines je céderai mes parts détenues dans mon cabinet et je pendrai le large tant désiré ! Merci à mes détracteurs de m’avoir permis de précipiter un projet qui 4/6
Me tenait tellement à coeur. A mes soutiens je dis que le salut ne viendra de personne mais de votre capacité à résister ! Je continuerai à donner des confs. Les salariés de l’association seront probablement transférés à ce qui est transitoirement encore mon cab 5/6
MUNOZ Marie-France@MUNOZMarieFran4
J’ai participé au recours pour l’obligation vaccinale mais si vous lâcher l’affaire serais-je rembourser. Pour moi c’est une grosse somme car je suis seule avec 2 enfants et je suis suspendu sa salaire. Je comptais sur vous...
Clem Alysse @Clemalysse
Marie France ce recours n’aboutira jamais ça n’a jamais été le but. Ne le laissez pas prendre vos moyens de subsistance en plus de votre argent, faites vous vacciner demain et retournez travailler, vos enfants ont besoin de vous. Courage.
Naturellement, tous les trollages sont possibles, mais Di Vizio, après avoir ferraillé sur tous les plateaux mainstream et dans les médias alternatifs, s’en va s’occuper de ses chevaux. A-t-il reçu des menaces sur sa famille ?
« Il met aussi en avant ses craintes pour sa sécurité, et surtout celle de ses enfants. "Je n’ai aucune envie d’alimenter un débat de haine, je reçois des menaces à longueur de journée, je me balade avec des gardes du corps, mes enfants vont à l’école, c’est prévu pour bientôt, avec un service de protection rapprochée… On va où là ? Il faut que ça s’arrête à un moment !", assure le futur ex-chroniqueur de Cyril Hanouna. Avant d’évoquer le climat qu’il ressent : "Les conditions d’un débat serein, apaisé, ne sont plus réunies. Je ne veux pas alimenter de violence dans cette histoire, et donc à un moment donné… Je suis un peu épuisé par tout ce que j’entends depuis un moment. Ce déferlement de violence, de part et d’autre, je ne suis pas sûr de bien comprendre ce qu’il se passe !" » (Télé-Loisirs)
Après ces trois exemples, sur lesquels on ne jette pas la pierre, on comprend que le combat n’est pas facile : tous les assoiffés de justice, et ces trois hommes le sont, ne mesurent pas toujours la violence du Système quand on l’égratigne. C’est pourquoi il faut louer ceux qui sont toujours debout.