L’annonce de la mise sur pied d’une force multinationale de 8 700 hommes fournis par le Tchad, le Niger, le Cameroun, le Nigéria et le Bénin et l’intervention n’a pas l’air de calmer les ardeurs d’Abubakar Shekau, le chef de Boko Haram, le groupe jihadiste nigérian. Au contraire même.
Depuis le 6 février, et alors que le Parlement nigérien était appelé à se prononcer sur l’envoi de 750 militaires au Nigéria, Boko Haram a lancé une vague d’attaques dans le sud-est du Niger, précisément à Diffa, et pris d’assaut un bus dans l’extrême-nord du Cameroun, tuant ainsi 12 voyageurs. Pour rappel, le Tchad a déployé des troupes dans cette région…
Conséquence de ces raids menés à Diffa : les populations qui avaient fui les exactions de Boko Haram dans le nord-est du Nigéria ainsi que les habitants prennent la fuite. « Femmes, hommes et enfants, tous quittent en masse Diffa : à pied, à moto, en voiture en camion », a témoigné un journaliste local, sollicité par l’AFP.
Alors que Boko Haram contrôle désormais un vaste territoire et a proclamé un « califat » en référence à celui de Sokoto, établi au XIXe siècle dans la région, les autorités nigérianes ont promis de régler le sort du groupe jihadiste en moins de 6 semaines…
« Tous les camps connus de Boko Haram seront balayés » a ainsi assuré Sambo Dasuki, conseiller à la sécurité du président nigérian Goodluck Jonathan, qui remet son mandat en jeu… dans 6 semaines. Bien évidemment, cela n’est guère réaliste dans la mesure où les forces armées nigérianes n’ont rien pu faire face à l’expansion de ce groupe jihadiste depuis 2009.
Quoi qu’il en soit, la mise en place d’une force multinationale n’a pas l’air d’inquiéter le chef de Boko Haram. Dans une nouvelle vidéo diffusée le 9 février, Abubakar Shekau a donné dans l’ironie. « Votre alliance ne mènera à rien. Rassemblez toutes vos armes et affrontez-nous. Vous êtes les bienvenus ! », a-t-il lancé. « Vous envoyez 7 000 soldats ? Pourquoi pas 70 millions ? Ce n’est pas beaucoup. (…) Par Allah, c’est peu. Nous allons les capturer un à un », a-t-il assuré.
Visiblement, l’État islamique (EI ou Daesh), qui a proclamé un califat à cheval entre l’Irak et la Syrie, inspire Boko Haram étant donné que des vidéos diffusées en même temps que celle de Shekau ont montré des images d’Abu Bakr al-Baghdadi [ndlr, le chef de Daesh] et évoqué le califat de Sokoto, fondé en 1809 par Usman dan Fodio et dont le territoire couvrait le nord de l’actuel Nigéria.