Dans un premier temps, on pense avoir mal entendu. Puis, quand on lit le texte de l’allocution prononcée le 3 février par le président Hollande lors de l’hommage national rendu aux 9 aviateurs victimes du drame d’Albacete, le doute n’est plus permis.
« Cette mission d’entrainement était destinée à préparer nos forces pour assurer les interventions extérieures dans laquelle l’armée de l’Air est fortement investie », a d’abord déclaré le chef de l’État, au sujet du Tactical leadership program (TLP), auquel participaient les aviateurs français.
« D’abord en Afrique, notamment à Djibouti, au Tchad et au Niger, d’où nous avions décollent pour surveiller le Sahel, la République centrafricaine ou le Nigéria comme en ce moment. Ensuite au Moyen Orient, d’où nos avions partent de Jordanie ou des Emirats arabes unis pour effectuer des missions au dessus de l’Irak », a ensuite ajouté le président Hollande. Des avions français survoleraient donc le Nigéria, pays confronté à l’extension du groupe jihadiste Boko Haram…
Plus tard, l’Élysée a rectifié le tir, si l’on peut dire, en précisant que les appareils français ne survolent pas le territoire nigérian mais que la France est impliquée dans la lutte contre Boko Haram au sein d’une cellule internationale de renseignement installée à Abuja. Au passage, les forces françaises ont aussi mis en place une cellule de coordination et de liaison, adossée à l’opération Barkhane, à N’Djamena, afin d’aider les pays concernés par la menace que représente le groupe jihadiste.
Dans le même temps, une source au sein du ministère français de la Défense a indiqué, rapportent l’AFP et l’agence Reuters, que « nos forces aériennes effectuent des missions de reconnaissance, mais à aucun moment au-dessus du Nigeria ». Et d’ajouter que « notre soutien se limite aux pays voisins tels que le Tchad ou le Cameroun », en précisant que les renseignements obtenus sont communiqués « à ces pays largement impliqués dans la lutte contre Boko Haram ».
« La France est à N’Djamena, on a les capacités de faire du survol, du renseignement. Notre boulot a été de mettre de l’huile dans les rouages entre le Nigeria et ses voisins », a confié un diplomate français à Reuters. Le fait, l’armée de l’Air dispose d’avions de combat basés à N’Djamena dans le cadre de l’opération Barkhane ainsi que de drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) mis en oeuvre depuis Niamey.
Quoi qu’il en soit, ces vols de reconnaissance ne sont pas surprenants : le 17 mai dernier, le président Hollande en avait évoqué l’éventualité lors d’un sommet organisé à Paris sur la sécurité dans la région du Lac Tchad. Il s’agissait alors de retrouver 200 lycéennes enlevées quelques semaines plus tôt à Chibok par Boko Haram. Depuis, aucune communication officielle n’avait été faite à ce sujet.