Lors de la manif pacifique des organisations syndicales du 1er-Mai, des échauffourées ont éclaté à Paris, notamment avec la destruction de commerces, dont le fameux Macdo. Les violences n’étaient pas le fait des gros bras de la CGT mais des black blocs, cette organisation nébuleuse qui surgit souvent lorsque le gouvernement doit faire face à une fronde sociale.
À cette occasion, malgré les 45 minutes de retard dans l’intervention qui ont pu faire penser à une certaine impunité, les forces de l’ordre se sont emparées de plusieurs casseurs. Sur les six personnes arrêtées, et convoquées au tribunal de grande instance de Paris deux jours plus tard (comparution immédiate), les journalistes de francetvinfo sont tombés de leur chaise en découvrant le profil de trois des prévenus, poursuivis pour « participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou dégradations » : il y avait du bon bourgeois blanc de bonne famille, avec avenir assuré. On était loin de la racaille de banlieue avec pour seul horizon le deal et la zonzon !
« Dans le box, un jeune homme de 29 ans, t-shirt blanc, diplômé de l’École centrale, consultant. Son salaire mensuel s’élève à 4 200 euros. Son casier judiciaire est vierge. [...] Les trois prévenus ont demandé un délai pour préparer leur défense. L’audience a été renvoyée au 30 mai. Le jeune centralien est rentré chez lui sans même un contrôle judiciaire. »
Et pourquoi les bobos des beaux quartiers à l’avenir assuré n’auraient-ils pas eux aussi droit à la colère, à la casse, à casser du flic (certains des prévenus avaient des ciseaux et des masses dans leurs bagages) ? Le profil social de ces casseurs rappelle celui du petit bourgeois Antonin Bernanos, condamné à cinq ans de prison en octobre 2017. Voici le déroulement de son arrestation, relatée par L’Humanité :
« Il était six heures, hier matin, lorsque Geneviève Bernanos a aperçu à travers l’œilleton de sa porte une quinzaine d’hommes sans insigne devant son appartement du 14e arrondissement parisien. “J’ai cru à une agression de l’extrême droite”, confie cette urbaniste à la mairie de Nanterre. Descendants de l’écrivain Georges Bernanos et militants antifascistes, ses fils Antonin et Angel Bernanos sont régulièrement la cible de la “fachosphère”.
Mais, hier matin, il s’agissait de la brigade d’exécution des décisions de justice (BEDJ) de la police judiciaire parisienne, qui n’a procédé à aucune sommation pour enfoncer la porte de l’appartement familial à coups de bélier. L’objectif ? Interpeller Antonin Bernanos, étudiant en sociologie de 23 ans, condamné le 11 octobre dernier à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour l’incendie de la voiture de police brûlée quai de Valmy en mai 2016.
Antonin Bernanos a toujours nié les faits et lors de son procès en octobre dernier, son avocat Arié Alimi avait longuement remis en cause la faiblesse des preuves retenues contre lui. En vain. Son frère Angel, poursuivi pour attroupement en vue de commettre des violences, avait en revanche été relaxé. »
On remarque que la moindre violence pour ces antifas ne peut venir que de « l’extrême droite » ou de la police, qui sont d’ailleurs amalgamées. Or c’est l’extrême droite ou ce qui est appelé comme tel (à tort) qui est aujourd’hui victime de la violence oligarchique et sous toutes les formes possibles : juridique, économique, médiatique... De l’autre côté de la barrière, il faut vraiment attenter à la vie de policiers pour faire un peu de prison et encore, toute la presse gauchiste embraye en hurlant à l’injustice !
« 1 200 militants de l’ultragauche, plusieurs personnes blessées et d’importants dégâts matériels. C’est le bilan parisien du 1er mai, à la suite duquel 283 « black blocs » ont été arrêtés par les forces de l’ordre. Mais au bout du compte, seuls 7 de ces casseurs ont été mis en examen. Et relâchés dans la foulée. » (Valeurs Actuelles)
C’est le sort enviable des antifas, ces martyrs bidon du jour, qui bénéficient de fait d’une impunité d’État et qui se font passer pour des victimes du Grand Capital. Quand on gagne 4 200 euros par mois comme le Centralien qui a voulu casser du flic ou du symbole capitaliste (il aurait pu péter la banque où s’entasse son argent), on bénéficie d’une étonnante mansuétude du Système qu’on est censé combattre. Il y a là un petit os conceptuel que la logique a du mal à avaler. Les puceaux de la souffrance sociale qui se sont fait choper, et qui ne risquent pas grand-chose, auront eu leur frisson d’activistes.
Cela rappelle les stages organisés par des agences de voyage très spéciales dans ces lieux qui font frissonner les nantis : favelas infestées de dealers armés jusqu’aux dents, banlieues chaudes (un petit tour dans le 9-3 ?), quartiers pourris de tox et putes au crack... Le voyagiste britannique Hinterland Travel proposait ainsi un « extraordinaire voyage post-guerre en Irak en 2003 ».
Pourquoi nos bobo-guerriers du Bien ne se payent-ils pas ce genre de vacances ? Ils en ont largement les moyens. Ça permettrait en outre aux activistes sérieux de s’occuper de la chose sociale, débarrassés de ces véritables ennemis du peuple. Car le peuple n’est pas casseur, il est bâtisseur.