Les relations entre la Namibie et la Chine sont au beau fixe. D’ailleurs, Windhoek, qui adhère à la politique d’une seule Chine, a cessé ses relations diplomatiques avec Taïwan. En retour, Pékin investit massivement dans le pays, qui, au passage, est le quatrième producteur mondial d’uranium, et lui fournit du matériel militaire.
Justement, en la matière, Windhoek et Pékin discuteraient d’un projet visant à installer une base navale chinoise à Walvis Bay, qui est le principal port namibien. Deux journaux locaux – Informante et The Namibian – ont récemment évoqué cette éventualité à quelques jours d’intervalle.
Ainsi, ces deux quotidiens ont cité une lettre confidentielle de Ringo Abed, l’ambassadeur de Namibie à Pékin, adressée à son ministère de tutelle selon laquelle « une délégation chinoise se rendrait prochainement à Windhoek pour des discussions sur la suite à donner au projet d’une base navale à Walvis Bay ». Le diplomate y aurait également fait état d’une réunion avec Geng Yansheng, responsable du ministère chinois de la Défense.
Seulement, Pékin a démenti cette information. « L’échange entre les responsables de la Défense chinoise et des fonctionnaires de l’ambassade de Namibie tels que rapporté par The Namibian est une pure fabrication », a affirmé le ministère chinois de la Défense.
Même chose du côté de Windhoek. « Depuis que j’ai été nommé ministre de la Défense en 2012, il n’y a pas eu de discussion avec les Chinois au sujet de la construction d’une base navale. Je ne suis vraiment pas au courant d’un tel projet », a précisé Nahas Angula, le ministre namibien de la Défense. Ce dernier a même ajouté, dans les colonnes d’Informante, que la Constitution namibienne n’autorise pas l’implantation de base militaire étrangère sur le sol namibien. Pour autant, le journal a maintenu ses informations en affirmant que Pékin était en train de rédiger un projet d’accord…
« Je ne sais rien à propos de la base navale, je vais devoir suivre cela et mener une enquête pour en savoir plus », a par ailleurs réagi Netumbo Nandi-Ndaitwah, Mme le la ministre namibien des Affaires étrangères à l’article de The Namibian.
Ce dernier, s’appuyant sur la lettre de l’ambassadeur, a noté que cette base navale chinoise viserait à dissuader la pêche illégale dans les eaux namibiennes (ce qui ne manque pas de sel quand l’on sait que des chalutiers chinois ne se privent pas de se livrer à ce type d’activité, comme récemment dans les eaux ivoiriennes) et former la marine namibienne.
Une autre question se pose : pourquoi la Chine aurait-elle besoin d’une base navale donnant sur l’Atlantique alors que ses intérêts prioritaires se trouvent dans le Pacifique et dans l’océan Indien ?
« En Océan Pacifique ses intérêts sont, face aux États-Unis, stratégiques, et par conséquent vitaux. En Océan indien ses intérêts sont vitaux et par voie de conséquence stratégiques comme ils pourraient le devenir de plus en plus en Atlantique avec l’ouverture des voies chinoises d’acheminement d’hydrocarbures et de matières premières tant depuis les côtes Est de l’Amérique latine que des côtes Ouest de l’Afrique », explique le général (2S) Daniel Schaeffer, dans un article publiée par la revue de l’IHEDN en avril 2009.