Mercredi s’ouvre le procès de sept Rennais, poursuivis pour « violence aggravée » lors d’une manifestation où un policier a sorti son arme de service et mis en joue des manifestants. Une tribune publiée lundi dans Libération affirmait que le policier n’avait pas même été menacé. Des photos inédites montrent que c’est inexact.
« Rennes, laboratoire de l’ordre En marche. » Plusieurs intellectuels, parmi lesquels l’économiste Frédéric Lordon ou l’éditeur Éric Hazan, ont publié lundi une tribune dans Libération pour dénoncer les méthodes de policiers et de magistrats qui, à Rennes, s’affranchiraient de plus en plus du droit commun.
[...] Le 27 avril, lors d’une manifestation ayant pour mot d’ordre « ni Le Pen ni Macron », un motard de la police nationale avait braqué des manifestants. [...] La préfecture d’Ille-et-Vilaine avait qualifié à l’époque le geste de l’agent dans ces termes : « un geste de légitime défense » fait « avec sang-froid, tempérance et modération ». Les auteurs de la tribune estiment pour leur part que c’est le comportement du policier qui pose problème :
« Ce comportement dangereux et injustifiable d’un policier qui n’était nullement menacé, comme le montrent les vidéos, est devenu prétexte à une enquête contre de présumés manifestants pour… violence avec arme (un pommeau de douche dont on se serait servi pour intimider le motard), ce qui a justifié les perquisitions du 30 mai. »
Deux vidéos
Les auteurs de la tribune s’appuient sur une enquête publiée par le média indépendant Lundi.am, proche du Comité Invisible (collectif auteur de L’insurrection qui vient). Des témoins y racontent des « mouvements incompréhensibles de la police » qui ont mené à l’événement en question. Une « étudiante présente ce jour-là » raconte :
« De notre côté [les manifestants], on était dans la crainte permanente de se faire nasser, parce que toutes les dernières manifestations à Rennes ont fini comme ça, et la dernière fois, le soir du premier tour c’était très violent. Donc à partir de ce moment-là, c’est normal qu’on se mette parfois à courir pour ne pas se faire encercler. L’histoire avec le motard, c’est ça qu’il s’est passé. […] Je pensais que les motards allaient de toute façon s’éloigner, comme ils le font à chaque fois. Courir vers eux, ça nous laissait une chance de passer. Sauf qu’un des motards est resté, par fierté peut-être. Il est descendu de sa moto, les gens lui ont dit de partir. Il est remonté sur sa moto, mais elle n’a pas démarré. Là il en est redescendu et il a braqué les gens. »
Lundi soir, quelques heures après la publication de la tribune, la préfecture a par ailleurs publié un tweet avec de nouvelles photos (qui n’étaient donc vraisemblablement pas à la disposition des signataires de la tribune). On y voit le policier sur sa moto, être attaqué par un groupe de manifestants. On peut assez facilement vérifier que ces photos (non sourcées) ont bien été prises au même endroit (rue de l’Alma à Rennes) que les deux vidéos du policier qui sort son arme. Sur ces clichés, on reconnaît d’ailleurs certains des protagonistes visibles sur les vidéos du policier qui sort son arme.
[REPONSE] @libe Après la tribune publiée ce jour, pour être complet et comprendre les événements qui ont précédé, consultez les photos ⬇️ pic.twitter.com/ArehXkQ9op
— Police Nationale (@PoliceNationale) 19 juin 2017