La République française est magnifique, c’est normal que le monde entier nous l’envie. Elle autorise un ex-ministre-taulard (c’est la rédemption et l’innocence de la présomption) à squatter un journal télévisé de service public pendant sept minutes, à une heure de grande écoute donc, pour aller faire de la retape pour un PS en capilotade.
Car il s’agit bien de ça : Bernard offre ses services, ô combien efficaces – les employés déportés vers l’ANPE des années 80-90 par wagons entiers de ses sociétés rachetées un franc pourront en témoigner – pour lutter contre le chômage des jeunes et ainsi, selon son calcul, faire reculer le FN, car le FN touche de plus en plus de jeunes. Bébert s’offre en sacrifice pour sauver la Démocratie. On croit rêver.
L’équation Tapie : FN = chômage
Y a qu’en néo-France qu’on peut voir des trucs comme ça. Le mec, un harceleur-bateleur sans égal (les services de Matignon et de l’Élysée n’en pouvaient plus de son entrisme culotté sous la présidence Sarkozy), a réussi à récupérer 400 millions d’euros des caisses publiques avec le soutien de ses amis de l’époque, somme qu’il doit désormais rembourser, et il vient nous chanter le sauvetage du paquebot France. La main sur le cœur. Il y a des fou-rires qui se perdent.
Il ne manque pas de toupet, ou de chutzpah, disons de toupah, ça francise un peu l’israélisme (au sens d’anglicisme). Bébert aura au moins un peu amusé la galerie politique dans une époque où l’on subit un tonnage sidérant de grand n’importe quoi, avec les Bartolone et autres Fabius qu’on croirait évadés de l’asile (politique, s’entend).
Donc prenons ça comme une grande bouffée de déconne et d’air frais, quand l’ambiance est au morose, à la déprime, et aux fêtes païennes socialistes des « héros » des attentats. Saluons donc en chœur la diversion médiatique du dernier, mais dernier plan anti-FN du Système, d’un Système aux abois, qui n’a plus que ce « jouet d’occasion de l’époque Mitterrand », comme dit le FN sur Twitter, pour contrer son inéluctable montée.
On a juste un peu mal au cœur pour les jeunes qui vont croire à cet pipeauteur de talent, qui aurait pu servir de leader populiste dans les années 80, mais qui s’est fait rouler par le PS, qui s’est servi de lui et l’a foutu en taule pour avoir eu les dents trop longues. Impitoyable, le PS mitterrandien.
Dans les années 80, de la tournée du même nom, Bébert avait ouvert une école de « commerce » pour lutter contre le chômage des jeunes, déjà. Résultat, un crash vite planqué sous le tapis, car les médias avaient besoin de ce modèle de réussite libérale : argent, bling-bling et grande gueule. Malheureusement, Tapie était un peu trop français, pas assez, comment dire... exotique, pour avoir le droit de grimper aussi vite dans la société française.
La solution libérale... qui mène au chômage de masse ?
Mais ne faisons pas dans l’ironie facile : dans les écoles de vente estapillées Tapie, des jeunes ont réussi à faire leur trou, même sans le bac, sélectionnés qu’ils étaient sur leur volonté – farouche – de s’en sortir. Et ça, ça manque dans un pays complètement paralysé par la peur de l’échec et par ce garde-chiourme de « socialisme » éducatif, qui a montré toutes ses limites, et qui étale chaque année sa crasse splendeur et son efficacité grotesque avec les chiffres du chômage. Oui, l’Éducation nationale est à l’origine de l’échec français en matière de travail, y a pas d’autre mot. Le pire, c’est que dans cette énorme machine, la plupart des profs n’y peuvent rien.
Et Bébert, malgré tout, a envoyé un signal, au milieu de son délire de nouveau riche, c’est qu’on doit dynamiter (attention, image) les structures pédagogiques en place, qui mènent à ce désastre économique et social. L’école, coincée dans ses dogmes post-68tards, n’est pas à la hauteur de la volonté des jeunes Français. Aujourd’hui, en presque 2016, c’est un autre bateleur, passé par des chemins quelque peu tortueux, qui applique la méthode Tapie, avec un autre succès : Xavier Niel, qui a lancé 42, son école d’informatique pour ceux qui ne rentrent pas dans le très étriqué et contraignant cadre scolaire.
Un mécénat privé très publicitaire, mais une action concrète, qu’il faudrait dupliquer de manière officielle, et publique. Mais ça, c’est une autre paire de manches. Le danger, dans ce sauvetage de la République ou de la Démocratie par ces chantres du libéralisme économique, c’est que ce choix politique de société, en 30 ans, a fait exploser le chômage. Alors, les écoles de ces mécènes ne seraient-elles que des œuvres de charité, à l’image de celles des Rothschild, qui avaient toujours une piécette pour leurs pauvres à Noël ?
L’ancien ministre se laisse jusqu’à la fin du mois de janvier prochain pour formuler des propositions concrètes afin de lutter contre le chômage des jeunes et endiguer la montée de l’extrême-droite.
Il va de surprise en surprise. Tandis qu’il a annoncé son fracassant retour en politique dans une interview dimanche, l’homme d’affaires et patron de presse Bernard Tapie s’est livré à un nouveau coup de théâtre ce lundi soir. Invité du 20H de France 2, l’ancien ministre n’a en effet pas exclu de se présenter à l’élection présidentielle de 2017, tout en précisant que « (sa) réponse ne (serait) pas donnée aujourd’hui ni demain ».
S’il entend rester hors de l’arène politique et au-dessus de la mêlée politicienne, le septuagénaire se laisse « jusqu’à la fin du mois de janvier » prochain pour formuler des propositions concrètes afin de lutter contre le chômage des jeunes et endiguer la montée de l’extrême-droite. Comme l’économiste Jacques Attali, il soumettra ensuite le « programme » qui en ressortira aux deux candidats favoris à l’investiture suprême.