L’Allemagne fait pression sur le gouvernement italien afin de l’obliger à accueillir les migrants : « Quel est l’intérêt de faire attendre les navires ? »
Berlin revient pour faire lourdement pression sur le gouvernement italien.
L’appel a été lancé par le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, qui l’a adressé directement à Matteo Salvini en se plaignant que, « au cours des douze derniers mois, l’Allemagne a accueilli 180 réfugiés en Méditerranée » et en accusant l’Italie de ne pas faire assez pour gérer l’urgence des débarquements. Cette accusation est totalement infondée, étant donné que l’Union européenne nous [les Italiens] a laissés seuls pendant des années pour gérer les flux irréguliers de personnes désespérées embarquant depuis les côtes d’Afrique du Nord.
Au cours des sept derniers mois, les attaques du gouvernement allemand ont été continues. Aussi la récente révélation de la présence de deux journalistes de la télévision d’État Ard à bord du navire Sea Watch 3 nous a fait ouvrir les yeux sur les intérêts de Berlin à fomenter le chaos en Méditerranée pour mettre en difficulté le gouvernement de Giuseppe Conte [président du Conseil des ministres d’Italie] et, en particulier, Salvini.
Selon l’enquête publiée par un site de contre-information d’extrême droite, Journalistenwatch.com, l’attaque éclair du commandant Carola Rackete à Lampedusa (de l’incursion au large des côtes libyennes à l’arrivée dans le port sicilien, à cela s’ajoute l’éperonnage contre le patrouilleur de la Guardia di Finanza) est « une brillante œuvre de propagande » de la chaîne publique allemande, « probablement avec l’intention de provoquer à tout prix une confrontation avec les autorités italiennes ». Un dessein inquiétant qui, selon une analyse approfondie du Guardian, aurait pu être soutenu également au sein de l’exécutif dirigé par la chancelière Angela Merkel (une thèse, entre autres choses, également confirmée par l’ancien chef des services secrets Hans-Georg Maaßen).
Après le silence qui a suivi le cas de Sea Watch 3, un bateau appartenant à une ONG allemande, Seehofer est revenu pour frapper fort contre Salvini, agitant le cas du Gregoretti, un navire de la Garde côtière amarré dimanche dernier devant le port d’Augusta avec 115 migrants clandestins à son bord.
« Matteo [Salvini], quel est l’intérêt de toujours appliquer la même procédure si au final les migrants finissent toujours par débarquer à terre ? », a-t-il déclaré hier lors d’une conférence de presse à Berlin. « Je veux éviter - poursuit-il - une répétition du même schéma à chaque fois, avec un bateau transportant des migrants qui attendent 8 ou 14 jours au large des côtes italiennes et Salvini qui ne veut pas qu’ils débarquent. Mais ils finissent toujours par se retrouver à terre de toute façon, parce que les migrants s’effondrent, tombent malades ou qu’il y a des femmes enceintes ».
Après le récent sommet d’Helsinki, les deux ministres de l’Intérieur devront se réunir à nouveau en septembre pour faire le point sur l’urgence de l’immigration. À cette occasion, l’Allemagne présentera une nouvelle procédure qui, d’une part, « répond au besoin de sauvetage en mer » et, d’autre part, « parvient à bloquer la traite des êtres humains par les passeurs ».
Toutefois, les relations entre les deux pays restent tendues. Et pas seulement en raison des pressions continues de Merkel pour que Carola Rackete soit relâchée lorsque cette dernière avait été arrêtée. Les révélations récentes sur les « cas Dublin » renvoyés à Rome avec des vols charters après avoir été « mis sous sédatifs » ont encore davantage miné les relations. Et les demandes indues de Seehofer ne font qu’aggraver la situation, rendant la confrontation et le dialogue impossibles. Également parce que Salvini n’est pas prêt à reculer d’un millimètre. « Nous n’allons rien ouvrir, les ports restent fermées - le leader de la Lega l’a dit clairement lors d’une retransmission en direct sur Facebook - nous ne sommes pas le camp de réfugiés de l’Europe ».