Tout en conduisant ma voiture ce matin, j’écoutais le zonzon de France Bleue se déroulant sans grand intérêt, quand tout à coup, je fus alerté par le sujet traité. La tragédie du Bataclan avec un dépôt de plainte contre X par une trentaine de victimes ou familles de victimes. Motif de la plainte « Non-assistance à personne en péril » afin qu’une enquête soit menée sur l’absence d’intervention des militaires le soir du 13 novembre 2015.
Jusque-là, pas d’interrogations. Puis vint l’interview du Gouverneur Militaire de Paris, (GMP), le Général Bruno le Ray. Glaçante sa déclaration. Impossible de la trouver sur le net ce jour (comme par hasard…) mais en substance, il a déclaré ce qui suit :
« … Un militaire n’a pas pour vocation d’intervenir dans une zone qui n’est pas en guerre… Il est impensable de mettre des soldats en danger dans l’espoir hypothétique de sauver d’autres personnes… C’est à la BAC et à la Gendarmerie d’intervenir… »
Choquant et répugnant. Et je pèse mes mots.
Pas en guerre ? Il faudrait savoir. Manuel Valls et François Hollande n’arrêtaient pas d’asséner aux Français que nous l’étions, et de l’autre notre bon GMP qui déclare le contraire.
Dans un rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 13 novembre, un officier de la BAC du Val-de-Marne racontait notamment avoir demandé l’autorisation de les faire intervenir afin « d’atteindre le terroriste embusqué derrière l’issue de secours ». « Devant la commission, il a expliqué avoir reçu pour réponse de la Préfecture de police de Paris : “Négatif, vous n’engagez pas les militaires, on n’est pas en zone de guerre”. L’un des militaires lui aurait également indiqué qu’il ne pourrait engager le feu, faute d’avoir reçu un ordre en ce sens, décrit le rapport. »
Plus loin :
« On leur a interdit une intervention physique, c’est-à-dire de rentrer (dans le Bataclan), mais aussi le prêt de matériel médical de premiers secours à des policiers »… « On n’aurait peut-être pas empêché la mort de 90 personnes, mais au moins évité des hémorragies qui ont donné la mort. »
[...]
Georges Fenech, ancien juge d’instruction, aurait certainement pu pousser plus loin l’investigation. Curieusement, rien de concret n’est sorti de cette commission d’enquête. Tout semble verrouillé.
Mais revenons à notre bienveillant Général. Il déclarait dans une interview dans Le Figaro du 10 avril 2017 : (l’analyse de ses réponses est en italique).
Question : comment le dispositif « Sentinelle » s’est-il adapté à la menace terroriste depuis 2015 ? – « Sentinelle » n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a deux ans. Initialement, le dispositif avait une forte dimension symbolique. Nous avons rapidement considéré que nous n’étions pas à la hauteur de la menace. Nous devions cesser d’être statiques, d’être des pots de fleurs dans le paysage. – Crépusculaire. D’un côté, les militaires ne doivent pas intervenir et de l’autre, ils ne doivent pas jouer les potiches. La valse hésitation dans toute sa splendeur !
L’esbroufe continue plus loin. Impayable ce Général Gouverneur.
[...]
Un militaire à quand même pour vocation précise de défendre les civils en cas de conflit. Si c’est pour avoir des militaires dans les rues sans qu’ils puissent intervenir, ça ne sert qu’à dépenser l’argent des contribuables. Pour les impressionner ?
[...]
Le GMP semble plutôt concentré sur les feux d’artifice de notre fête nationale et sur les parades.
- Le général Le Ray au défilé du 14 juillet 2017