Dimanche 22 mai 2016, les Autrichiens votent pour leur président. C’est un nationaliste, Norbert Hofer, qui est arrivé en tête du premier tour, le 24 avril dernier.
En 60 ans de pouvoir partagé, les sociaux-démocrates et les conservateurs n’ont pas trouvé de solutions aux crises qui agitent le pays, en particulier la crise migratoire. Leurs représentants ne sont même pas présents au second tour. La presse de toute l’Union européenne crie à « l’extrême droite », mais les Autrichiens semblent déterminés.
Autriche : Norbert Hofer, un extrémiste si présentable
Pour son dernier meeting de campagne avant le second tour de l’élection présidentielle, le 22 mai, Norbert Hofer aurait pu s’offrir la Heldenplatz, la place des Héros, épicentre de la vie politique viennoise. Le candidat du parti d’extrême droite FPÖ, arrivé largement en tête au premier tour avec plus de 35 % des suffrages, et grand favori du second, a préféré aller à la rencontre des « vraies gens ».
Ce vendredi, il avait donc convié ses supporteurs à Favoriten, un faubourg populaire de la capitale, plus précisément sur la Viktor-Adler Platz. La chose est assez ironique de la part d’une personnalité représentant la droite radicale, dans la mesure où le Viktor Adler en question est un des fondateurs de la social-démocratie autrichienne.
[...]
Il détourne à son profit le désormais célèbre « nous sommes le peuple » scandé par les opposants au régime est-allemand en 1989. Il dit aussi que l’Autriche ne peut plus accepter de demandeurs d’asile. Et qu’une fois élu, il s’engage à œuvrer pour que ses enfants (quatre) et la prochaine génération dans son ensemble aient une vie digne d’être vécue.
[...]
Succès garanti tant le propos est consensuel, voire émollient. En effet, outre un dispositif policier particulièrement impressionnant, on trouve de tout au pied du podium : quelques rares néonazis que les flics surveillent comme le lait sur le feu, une très grosse majorité de déçus de la social-démocratie dont Favoriten était un bastion, mais aussi des Autrichiens de fraîche date, notamment d’ex-Yougoslaves. Quelques femmes discrètement voilées aussi.