Les liens entre la France et la Russie, malgré la guerre de Crimée de 1853 (90 000 morts quand même côté français, 450 000 côté russe, et tout ça au bénéfice des Anglais), une guerre qui revient dans l’actu 170 ans plus tard, sont toujours aussi forts. On ne sait pas trop pourquoi, mais nos deux peuples se respectent, s’admirent, s’inspirent mutuellement.
Même Napoléon 1er a des admirateurs en Russie, alors qu’il est renié par nos gouvernements successifs qui obéissent au diktat antifrançais depuis 1968. On a l’impression que les blessures que ces deux peuples ont pu s’infliger ne peuvent avoir raison de leur amour réciproque. Ce qui n’est pas le cas des Anglais avec les Russes : les Britanniques ont toujours voulu fracturer l’axe Paris-Berlin-Moscou, à leur profit ou à celui de la maison mère américaine.
On peut même dire que l’entité anglo-américaine dans les années 30 a laissé l’Allemagne réarmer contre la Russie soviétique pour fracturer définitivement le continent européen. Depuis 1945, en effet, la grande Allemagne est devenue un satellite de l’Empire.
Et aujourd’hui, 82 ans après l’opération Barbarossa, elle entre à nouveau en guerre – via l’OTAN – contre la Sainte Russie, sous la pression d’une Amérique qui a détruit le cordon ombilical énergétique entre les deux grandes nations.
On l’aura compris, les Français, les Allemands et les Russes doivent ne pas être frères. On peut revoir toute l’histoire du XXe siècle à l’aune de cette stratégie anglo-américaine.
Revenons à l’amitié, et même à l’amour franco-russe, n’ayons pas peur des mots.
Avant Lénine, à la fin du XIXe siècle, le socialisme français radical infuse la société russe, nourrissant les élans révolutionnaires. Depuis Poutine, c’est la Russie qui inspire les Français (patriotes) avec sa vision du monde... gaulliste ! Si les Français et les Russes ont été alliés pendant les deux guerres mondiales, ensuite, les Anglo-Américains ont à nouveau relancé leur jeu séparatiste. De Gaulle, qui a tendu la main aux Soviétiques dans les années 60, a été puni – entre autres pour cela – par le grand maître américain.
Le jeune Joseph (Iossif) Vissarionovitch Djougachvili, avant de lire Marx, a lu Zola et Hugo. L’hymne des socialistes russes, avant d’être celui que tout le monde connaît, fut cette Marseillaise aux paroles modifiées.
Ensuite, dans les années 30, la victoire de la révolution bolchevique a donné des ailes à la gauche française, qui était déjà scindée depuis le congrès de Tours, en 1905. Nous avons toujours eu, comme les Russes, des socialistes révolutionnaires et des socialistes partisans d’une entente avec la bourgeoisie, nous dirons des réformistes : c’est l’opposition classique Lénine/Kerenski. Ce dernier prendra la fuite aux États-Unis, après être passé par la France.
Petit extrait savoureux de Wikipédia, au passage : nous voilà juste après la révolution d’Octobre, et l’armée des SR (socialistes-révolutionnaires de Kerenski) a été battue par les bolcheviques...
Il vit les semaines suivantes dans la clandestinité chez des amis avant de pouvoir quitter le pays pour la France au printemps 1918, en passant par Mourmansk, avec l’aide des Britanniques. Juste avant son départ, Kerenski avait envisagé de se rendre par surprise à l’Assemblée constituante, persuadé que son éloquence aurait pu retourner l’opinion. Ses proches réussirent à le dissuader.
Ils ont eu du nez, les copains ! Ce socialiste moyennement révolutionnaire (il faisait partie du Grand Orient de Russie...) s’éteindra à New York en 1970, après avoir bossé à l’institut Hoover ; tout un programme. Le pouvoir soviétique n’acceptera jamais qu’il foule à nouveau le sol national.
En 2023, les socialistes du parti croupion d’Olivier Faure sont pro-Macron, comme le sont les LR qui ont trahi le peuple de droite à l’Assemblée et surtout au Sénat, où ils sont majoritaires. Il ne reste du communisme français d’après-guerre que quelques éléments chez LFI et au PCF, mais l’élan révolutionnaire est passé. Si révolution il y a, chez nous, elle ne viendra pas des gauchistes, qui ont été mis au pas ou achetés, mais des nationalistes. Qui eux aussi risquent la mise au pas, on l’a vu avec l’ambitieux Bardella.
Et si la révolution européenne (nationale) ne vient pas des Français, elle viendra des Allemands, qui plus que nous subissent la domination américaine.