Un ancien gardien d’Auschwitz âgé de 93 ans va être jugé en février devant un tribunal allemand pour complicité dans l’extermination d’au moins 170.000 personnes entre 1943 et 1944 dans le camp nazi, a annoncé lundi la juridiction.
L’homme, un ex-sous-officier SS de Lippe (ouest), est soupçonné d’avoir, entre janvier 1942 et juin 1944, surveillé l’arrivée des convois de déportés ainsi que leur sélection, entre ceux considérés comme aptes au travail et les autres, expédiés dans les chambres à gaz, selon un communiqué du tribunal de Detmold (ouest), où l’accusé va comparaître à partir de mi-février. Un expert l’a jugé apte à comparaître, à raison de deux heures par jour.
L’homme, dont l’identité n’a pas été révélée, a notamment accueilli 92 convois en provenance de Hongrie entre mai et juin 1944. Selon l’accusation, il était également au courant des exécutions de masse de prisonniers, régulières au sein du camp, ainsi que de la privation systématique de nourriture et de soins dont étaient victimes les déportés. « L’accusé a reconnu avoir été en activité à Auschwitz. Il conteste toutefois avoir pris part aux meurtres » de masse qui y ont été perpétrés, écrivait le tribunal dans un précédent communiqué, diffusé en février dernier.
70 ans après le procès de Nuremberg (sud), où les plus importants dignitaires nazis ont été jugés, et quelques mois après la condamnation à quatre ans de prison d’Oskar Gröning, l’ex-comptable d’Auschwitz, une douzaine d’enquêtes sont encore en cours en Allemagne contre d’anciens SS. Ces procédures tardives illustrent la volonté allemande de juger « jusqu’au dernier » les criminels du IIIe Reich, après des décennies d’un bilan judiciaire très décrié, marqué par de rares et faibles condamnations.
La semaine dernière, une cour d’appel allemande a ainsi estimé qu’un ancien infirmier d’Auschwitz pouvait comparaître pour son rôle présumé dans la mort d’au moins 3.681 Juifs, gazés dès leur arrivée à la fin de l’été 1944.