Lors du Journal du 15 mai, Aude Lancelin a tenu à revenir sur les propos de Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, qui voit dans la critique des médias un danger pour la démocratie.
Vraie question : @cdeloire doit on suivre avec attention votre trajectoire professionnelle et politique dans les prochains mois ? Vous semblez semer quelques indices en tout cas ! https://t.co/MLGam0YRNb
— Sophia Chikirou (@SoChik75) 16 mai 2018
Merci au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker pour son engagement en faveur de la protection des journalistes, alors même que la situation est trop souvent périlleuse, y compris en Europe. Le journalisme d’investigation est particulièrement menacé. https://t.co/jMKxZGrjWK
— Christophe Deloire (@cdeloire) 16 mai 2018
Excellente réunion avec @cdeloire de @RSF_inter. Je soutiens entièrement la campagne #ProtectJournalists. Je discuterai de la création d'un représentant spécial @UN avec @AntonioGuterres demain. La liberté des médias et leur pluralisme doivent être protégés pic.twitter.com/jgKlkFDYNF
— Jean-Claude Juncker (@JunckerEU) 15 mai 2018
Je souhaiterais revenir sur le dernier rapport de la fameuse ONG, ou plutôt sur l’usage curieux qui en est fait depuis quelques semaines par les dirigeants de Reporters sans frontières eux-mêmes, et par certains de nos confrères. Le 25 avril, paraissait donc le rapport annuel de l’organisation, censée observer l’état de la liberté de la presse dans le monde. La France y apparaît une fois encore en mauvaise posture, entre la Slovénie et le Chili cette année, en 33e position. Une légère remontée tout de même, de 6 places par rapport à l’an dernier, mais une remontée qui n’est en réalité qu’une correction mécanique, du fait de la dégradation générale de la situation des médias dans le monde, au sein de l’Union européenne notamment où deux journalistes ont été assassinés l’an dernier dans le cadre de leurs enquêtes sur la corruption et les paradis fiscaux.
La liberté de la presse en danger
Les causes de cette altération de la liberté des médias en France, on les connaît depuis des années déjà, ces causes qui précipitent régulièrement notre pays dans les profondeurs du classement. Je me contenterais du reste de citer le rapport 2016 du même « Reporter sans frontières » sur ce point : si la France est si mal classée c’est à cause
« d’une poignée (je cite) d’hommes d’affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias qui ont fini par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale. »
Donc, vous l’avez compris, on parle ici des Vincent Bolloré, des Xavier Niel, des François Pinault, des Bernard Arnault, des Patrick Drahi, qui possèdent 90% des médias en France, une situation sans précédent depuis les lendemains de la seconde guerre mondiale.
Mais bizarrement, ce ne sont pas ces géants du CAC 40 qui ont fait main basse sur l’information que le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, et le président de l’association, Pierre Haski, toujours salarié au sein d’un de ces groupes, ont choisi de cibler. Cette année, ces vigies du journalisme français ont choisi de « s’alarmer » dans les médias, tenez-vous bien, du danger que représente le leader de la FI, Jean-Luc Mélenchon. Eh oui… c’est original : le problème des médias en France ce ne sont pas les incursions du pouvoir et de l’argent dans les rédactions, le problème c’est l’opposition. Du reste, Les Décodeurs du Monde, propriété de Xavier Niel et Matthieu Pigasse, comme la station Europe 1, propriété d’Arnaud Lagardère, comme les Inrockuptibles, propriété du même Matthieu Pigasse, ont donné un large écho à ces « inquiétudes » des dirigeants de RSF.
Jean-Luc Mélenchon se serait en effet rendu coupable de propos innommables à l’égard du journalisme français. Il installerait un climat délétère pour la liberté d’expression dans le pays, à l’instar de dictateurs en poste comme Recep Erdogan ou du président Donald Trump. Je citerai les propos très véhéments de Christophe Deloire sur ce point :
« La libération de la haine contre les journalistes est l’une des pires menaces pour les démocraties. Les dirigeants politiques qui alimentent la détestation du journalisme portent une lourde responsabilité, car remettre en cause la vision d’un débat public fondé sur la libre recherche des faits favorise l’avènement d’une société de propagande. »