Les restrictions bancaires du Liban imposent un accès limité à l’épargne des clients.
« Mes retraits en devises sont plafonnés à 300 dollars par mois en liquide, à condition d’accepter une décote de 80 % sur mes fonds ».
Pour retirer 20 dollars, le compte doit être débité de...100 dollars.
Dix banques ont été dévalisées aujourd’hui au Liban par des épargnants qui réclament leur argent gelé par le gouvernement en raison de la crise économique. Les gens se rassemblent devant les banques pour soutenir les voleurs. Sans compter que l’inflation vient de dépasser les 200 % en glissement annuel.
Actuellement la livre libanaise a chuté de près de 90 % par rapport au dollar sur le marché noir, et les libanais doivent vivre avec moins de 4 dollars par jour.
Près de deux tiers de la population du pays vit sous le seuil de pauvreté et le FMI n’améliore pas la situation.
Le Liban est en quelque sorte à vendre, et c’est l’argent des libanais qui va payer la dette du pays.
Même si la voie judiciaire est impossible pour les habitants, les expatriés ont eu gain de cause pour récupérer leur argent tout en sachant que les procédures coûtent des dizaines de milliers d’euros.
Au Liban, les braquages de banques par les clients se multiplient
Des violences éclatent régulièrement entre employés de banque et épargnants incapables de récupérer leur argent, dans un pays où la monnaie a perdu plus de 90 % de sa valeur. Environ 80 % de la population a plongé dans la pauvreté depuis 2019.
Le Liban a été frappé par une série de braquages de banques cette semaine, dont trois pour la seule journée de vendredi, alors que de nombreux épargnants sont désespérés face à l’impossibilité de retirer leurs économies bloquées depuis trois ans, dans un pays ravagé par une crise économique inédite.
Les braquages de banque continuent au Liban. Cinq établissements bancaires ont été visés, vendredi 16 septembre, au Liban, par des clients cherchant à retirer leurs économies bloquées, les derniers en date d’une série d’incidents de ce type qui ont suscité un large soutien dans l’opinion publique de ce pays frappé par une crise sans précédent.
Le Liban est plongé depuis 2019 dans de graves difficultés économiques et financières imputées par une grande partie de la population à la mauvaise gestion, la corruption, la négligence et l’inertie d’une classe dirigeante en place depuis des décennies.
Quand la valeur de la livre libanaise a commencé à s’effondrer, les banques se sont mises à imposer des restrictions draconiennes sur les retraits, empêchant ainsi les clients de retirer leurs économies, en particulier en devises étrangères, surtout des dollars.
Sept banques braquées
En 48 heures, sept banques ont été touchées par une série de « braquages ». Face à la multiplication de ces incidents, le ministre de l’Intérieur a tenu, vendredi, une réunion d’urgence « pour prendre les mesures sécuritaires nécessaires ».
L’Association des banques du Liban (ABL) a elle aussi convoqué une réunion d’urgence et ordonné une fermeture généralisée de toutes les succursales pendant trois jours la semaine prochaine.
Mercredi, l’exaspération d’une jeune Libanaise, qui a pris d’assaut une banque de Beyrouth pour récupérer ses économies bloquées en vue de payer les frais d’hospitalisation de sa sœur atteinte d’un cancer, a eu un effet boule de neige.
Le même jour, un homme a braqué une autre banque à Aley, commune au nord-est de la capitale. Et vendredi à la mi-journée, pas moins de cinq autres braquages ont été recensés – trois à Beyrouth et deux dans le sud du pays.
Tôt le matin, un homme de 50 ans et son fils d’une vingtaine d’années ont fait irruption dans une succursale de la Byblos Bank à Ghaziyeh, au sud-est de Saïda, la principale ville du sud, ont indiqué à l’AFP une source policière et un agent de sécurité témoin de l’incident.
Le quinquagénaire a menacé les employés de la banque avec une arme, qui, selon une chaîne de télévision locale, serait factice, réclamant le retrait de ses économies gelées.
Difficultés économiques
À la suite de cet incident, trois autres banques ont été prises d’assaut quelques heures plus tard à Beyrouth. Dans le quartier de Tarik Jdidé, la situation sécuritaire était tendue après qu’un homme s’est enfermé à l’intérieur d’une succursale de la Blom Bank avec des policiers, ont déclaré à l’AFP des témoins rassemblés dans la rue. Selon eux, il s’agit d’un commerçant endetté qui réclame le retrait de ses économies gelées et ne serait pas armé.
Trois kilomètres plus loin, dans le quartier de Ramlet al-Bayda, un homme armé d’un fusil de chasse a pris d’assaut une succursale de la Lebanon & Gulf Bank, ont affirmé des habitants à un photographe de l’AFP sur place.
Dans la banlieue sud de Beyrouth, un jeune homme armé d’un pistolet factice a, lui, déclaré avoir pu retirer une somme de 20 000 dollars, selon des médias locaux.
À Chhim, dans le sud, un lieutenant retraité de l’armée retiendrait en otage six personnes parmi lesquels le directeur de la banque qui lui aurait proposé 100 000 dollars, selon certains médias.
Le retraité aurait refusé, exigeant l’intégralité de son dépôt de 200 000 dollars, tandis que des coups de feu auraient été tirés.
En août, un épargnant a été acclamé par la foule après avoir fait irruption dans une banque à Beyrouth, réclamant, fusil à la main, ses plus de 200 000 euros d’économies pour payer les frais d’hospitalisation de son père. La banque avait fini par lui donner près de 30 000 euros et il s’était rendu aux autorités. Il n’a pas été poursuivi.
De son côté, la principale association des épargnants libanais a exprimé son soutien aux auteurs de ces braquages, affirmant qu’ils étaient confrontés à « l’injustice et à l’oppression ».