Depuis plusieurs semaines, l’armée russe jette toutes ses forces pour prendre le contrôle total du Donbass, dans l’est du pays. Depuis plusieurs jours, la grande ville de Sievierodonestk est bombardée en continu par la Russie. Dans cette partie la plus active du front, située dans la région de Louhansk, l’armée ukrainienne est sur le recul. Et un mouvement de grogne est en train de naître parmi les soldats, qui se plaignent du manque de moyens et du manque de soutien de leur hiérarchie.
Installés dans les hauteurs de Lyssychansk, les soldats de la 3e brigade du 20e bataillon d’infanterie se reposent après être revenus du front. En bas, on aperçoit la rivière Severski Donets, un cours d’eau stratégique, difficile à traverser et qui sert de barrière naturelle ; plus loin, les colonnes de fumée montent au-dessus de Sievierodonestk.
Les militaires ukrainiens y décrivent un enfer sur terre : « Les Russes bombardent et tirent au mortier 24 heures sur 24. C’est sans arrêt. Lorsque vous engagez vos hommes là-dedans, après deux minutes de combat, vous avez déjà plein de blessés que vous devez évacuer. Les nouveaux arrivent et quelques minutes plus tard, ils sont morts », confie un soldat ukrainien.
Surnommé « chauve-souris », le commandant d’une unité de réserve ne cache pas sa frustration et s’en prend directement à sa hiérarchie : « On était basés à l’arrière. Mais nos supérieurs nous ont trompés, ils nous ont envoyés en première ligne sans qu’on le sache. Mes hommes n’étaient pas prêts à se battre. La moitié d’entre eux n’avaient même jamais tiré. Ils sont démoralisés. Les Russes nous tuent et c’est tout. Nous subissons des bombardements 24h sur 24, c’est sans arrêt. Nous n’avons même pas de ravitaillement en munitions. Notre hiérarchie ne nous soutient pas. Nos chefs nous ont oubliés. Mon commandant a été blessé et je ne sais même pas où il est. On doit trouver nous-mêmes des lignes de communication, du matériel et de la nourriture. Car nos supérieurs ne savent pas où nous sommes ni ce que nous faisons. »
Selon plusieurs sources, les Ukrainiens combattent désormais en dehors de la ville maintenant contrôlée par les Russes. Des soldats sur le recul, notamment à cause d’un déséquilibre des forces entre les deux camps. Revenus également de la première ligne, les soldats du 20e bataillon d’infanterie sont amers, démoralisés par la puissance russe. Le sergent Roman Ilchenko, 32 ans, explique que « les Russes ont de l’artillerie, des véhicules blindés et leurs forces sont cinq à six fois plus nombreuses ». Face à cette puissance de feu, les Ukrainiens constatent avec amertume les faiblesses de leurs forces.