Un jury a condamné vendredi à la peine de mort Dzhokhar Tsarnaev, reconnu coupable d’avoir perpétré l’attentat du marathon de Boston en avril 2013, écartant sa défense selon laquelle il n’était alors qu’un enfant, sous l’influence de son frère aîné fanatique.
L’affaire a été le procès pour terrorisme le plus suivi aux États-Unis depuis celui de l’attentat d’Oklahoma City, il y a 20 ans.
« Maintenant, il va disparaître et nous pourrons passer à autre chose. Dans ses propres mots : oeil pour oeil, dent pour dent », a déclaré une victime de l’attentat, Sydney Corcoran, qui est presque morte au bout de son sang et dont la mère a perdu ses deux jambes.
Les avocats de Dzhokhar Tsarnaev n’ont fait aucun commentaire en quittant le tribunal vendredi.
Dans une déclaration, la procureure générale et ministre de la Justice des États-Unis, Loretta Lynch, a qualifié l’attentat d’« attaque lâche ».
« La peine suprême est une punition adéquate pour ce crime horrible et nous espérons que la fin des procédures va apporter un certain apaisement aux victimes et à leurs familles », a-t-elle dit.
Le jury avait annoncé plus tôt vendredi être parvenu à un verdict après 14 heures de délibérations.
Dzhokhar Tsarnaev n’a eu aucune réaction lorsque la peine a été prononcée, gardant la tête légèrement baissée, ses mains jointes devant lui.
La défense a demandé que chaque juré se prononce, et chacun d’entre eux a confirmé que le verdict représentait bel et bien sa décision.
L’ancien étudiant de niveau collégial avait déjà été reconnu coupable des 30 chefs d’accusation dont il était accusé, dont 17 qui pouvaient entraîner la peine de mort. Parmi les accusations se trouvaient l’utilisation d’une arme de destruction massive et le meurtre d’un policier quelques jours après l’attaque.
La décision met la table pour ce qui pourrait être la première exécution d’un terroriste dans l’ère qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001, bien que l’affaire risque fort de passer des années encore dans le processus d’appel.
Le jury de 12 personnes devait être unanime pour que Dzhokhar Tsarnaev reçoive la peine de mort. Une seule dissension et il aurait plutôt été condamné à la prison à perpétuité.
Son père, Anzor Tsarnaev, joint au téléphone par l’Associated Press au Daguestan, une république russe, a laissé échapper un profond gémissement en entendant la nouvelle, avant de raccrocher.
Trois personnes ont été tuées et plus de 260 autres ont été blessées lorsque deux bombes artisanales ont explosé près de la ligne d’arrivée du célèbre marathon de Boston, semant la panique parmi les milliers de spectateurs le 15 avril 2013. Dix-sept personnes ont perdu une ou les deux jambes lors de l’attentat.
L’avocate de Dzhokhar Tsarnaev, Judy Clarke, a admis dès le début qu’il avait participé à l’attentat, disant sans détour aux jurés que « c’était lui ».
Mais la défense a tenté de démontrer que son frère aîné radicalisé, Tamerlan, était le cerveau de toute l’affaire. Elle a affirmé que Dzhokhar était un jeune homme impressionnable de 19 ans qui était sous l’influence de son frère aîné qu’il admirait.
La poursuite a plutôt décrit Dzhokhar comme un partenaire égal dans cette attaque, soulignant qu’il manquait de coeur au point d’avoir placé une bombe derrière un groupe d’enfants, tuant un petit garçon de huit ans.
Pour bien faire comprendre leur argument, les procureurs de la poursuite ont cité le message qu’il avait gribouillé à l’intérieur du bateau où il a été capturé : « Cessez de tuer nos gens innocents et nous arrêterons. » Ils ont aussi montré une photo où il fait un doigt d’honneur à la caméra lors de son incarcération.