Les manifestations continuaient lundi soir à Erevan pour protester contre la hausse annoncée des prix de l’électricité malgré l’interpellation dans la matinée de plusieurs dizaines de contestataires qui bloquaient une importante artère de la capitale arménienne.
Environ 1 500 manifestants se sont réunis lundi soir sur la place de la Liberté, dans le centre-ville, plusieurs heures après l’interpellation de 46 contestataires qui bloquaient l’avenue Bagramian, située près du palais présidentiel.
"Vous pouvez vous réunir ici (place de la Liberté, ndlr), mais nous n’autoriserons pas de manifestation à travers Erevan", a averti la police.
Lundi matin, une cinquantaine de manifestants s’étaient déployés sur l’avenue Bagramian quand un officier de police a intimé l’ordre à ses "chers frères et soeurs" d’évacuer la rue, selon une journaliste de l’AFP sur place.
Les forces antiémeutes sont ensuite intervenues, emmenant sans ménagement les manifestants interpellés vers des fourgons de police malgré leurs protestations. Une barricade a en outre été démantelée.
"La police a brièvement détenu 46 manifestants. Ils ont été libérés depuis", a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère de l’Intérieur.
Les manifestants ont pour leur part assuré qu’ils poursuivraient leur mouvement. "Les actions de la police sont illégales. Nous n’abandonnerons pas et nos revendications restent d’actualité", a ainsi dit à l’AFP David Sanassaryan, un manifestant.
Des milliers d’Arméniens manifestent tous les jours depuis le 19 juin dans le centre d’Erevan pour protester contre la hausse de 16% du prix de l’électricité annoncée par le gouvernement.
Sous pression, le président Serge Sarkissian avait promis le 27 juin de faire provisoirement "supporter le poids" de l’augmentation du tarif de l’électricité au gouvernement jusqu’à ce qu’un audit auprès de Réseaux d’électricité d’Arménie (ENA) détermine si la hausse est justifiée.
Malgré ces promesses, les manifestations ont continué, même si elles ont perdu en ampleur.
Elles avaient rassemblé jusqu’à plus de 10 000 personnes après la brève interpellation le 23 juin de 237 manifestants et la violente dispersion de centaines d’autres par la police.
Vendredi, les autorités arméniennes ont annoncé l’ouverture d’une enquête criminelle pour violences policières à la suite de cette dispersion condamnée par Washington, Bruxelles et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
L’Arménie a décidé en 2013 de renoncer à un rapprochement économique avec l’Union européenne, préférant entrer dans l’Union économique eurasiatique menée par Moscou.
La Russie, la plus grande alliée de l’Arménie, contrôle plusieurs des principaux atouts économiques de ce pays, comme l’entreprise ENA, propriété du Russe Inter-RAO, et détenue par l’homme d’affaires Igor Setchine, considéré comme un proche de Vladimir Poutine.
L’économie de l’Arménie est fortement dépendante de celle de la Russie, à laquelle sont destinées 23% de ses exportations.
Mais la crise économique russe, causée par les sanctions occidentales et la chute du cours du pétrole, a fortement touché cette ex-république soviétique du Caucase, qui a vu chuter sa monnaie nationale, le dram, en raison de l’affaiblissement du rouble.