Malgré la réticence de la fonction publique du royaume et la capacité de blocage des religieux ultraconservateurs, le prince Mohammed, fils du roi Salman, a annoncé un grand plan de réformes. De quoi mieux se mesurer à l’Iran.
Depuis des générations, l’Arabie saoudite utilise sa richesse pétrolière pour acheter la loyauté de ses sujets chez elle et s’assurer des amitiés à l’étranger. Mais depuis que le roi Salman a accédé au trône l’année dernière, son fils Mohammed, en charge de la politique pétrolière et économique du royaume, a injecté une certaine dose d’imprévisibilité au Moyen-Orient. Certains à Riyad le considèrent comme une tête brûlée, dont la dangereuse obsession à l’égard de l’Iran nourrit les tensions confessionnelles et dégrade les relations avec les Etats-Unis.
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Le royaume s’est lui-même infligé une partie des difficultés dont il souffre. L’Arabie saoudite a cessé de soutenir le prix du brut en 2014. Elle a continué à extraire du pétrole pour éliminer ses concurrents moins rentables, parmi lesquels certains producteurs américains d’huile de schiste, et pour préserver ses parts de marché. Agir autrement, disent les Saoudiens, reviendrait à subventionner les producteurs non compétitifs. Riyad tente aussi de faire pression sur l’Iran, expliquant qu’il ne réduira pas sa production tant que l’Iran ne fera pas de même. Mais ce dernier estime qu’il est en droit de la reconstituer à la suite de la levée des sanctions occidentales.
La combativité de l’Arabie saoudite s’explique en partie par sa crainte d’être lâchée par Washington. Les Al-Saoud pensent que Barack Obama, qui a effectué récemment une visite à Riyad, penche en faveur de l’Iran. Obama a alimenté ces craintes en reprochant aux États du Golfe et à d’autres alliés de « faire cavalier seul », et en exhortant les Saoudiens à « partager leur voisinage » avec l’Iran. Cela ne fait qu’accentuer l’urgence des réformes. L’Arabie saoudite a sans doute plus de pétrole, mais l’Iran possède une économie plus diversifiée, et sait s’accommoder des difficultés.