Le droit américain permet l’extraterritorialité de certains de ses textes juridiques du fait de dispositions l’autorisant expressément. Les principales lois à portée extraterritoriale sont les suivantes :
l’embargo contre Cuba : la loi Helms-Burton ;
la lutte contre les États soutenant les groupes terroristes : la loi d’Amato-Kennedy ;
la lutte contre la corruption dans les transactions internationales : le Foreign Corrupt Practices Act ;
la fiscalité : le Foreign Account Tax Compliance Act ;
la lutte contre le terrorisme : le Patriot Act ;
la surveillance comptable et financière et la corruption : la loi Sarbanes-Oxley ;
la surveillance des données du monde entier : le CLOUD Act ;
le droit de la concurrence américain. (Wikipédia)
L’extraterritorialité, c’est le concept numéro un d’une Amérique à la traîne économiquement (par rapport à la Chine) mais à la pointe militairement. Cela permet de punir les pays qui ne sont pas dans la ligne des intérêts maison. L’extraterritorialité s’applique en matière économique, mais aussi en matière militaire, deux champs qui finissent par se confondre : la guerre que les États-Unis mènent contre le monde depuis 120 ans est une guerre économico-militaire, le lobby militaro-économique faisant figure de gouvernement réel depuis un siècle.
Enfin, l’extraterritorialité permet aux USA de tout retourner : en agressant d’autres pays sous des prétextes fallacieux (armes de destruction massive, présence d’une organisation terroriste), ils deviennent les vrais terroristes, le plus grand pays terroriste du monde.
Quand les Américains ont envahi l’Afghanistan, en octobre 2001, c’était officiellement en représailles des attentats du 11 Septembre, parce que ben Laden, après son forfait, se serait caché dans les grottes du Waziristan, ou dans les zones tribales contrôlées par une alliance entre talibans et ISI, le renseignement militaire pakistanais, qui est théoriquement du côté des Américains. Oui, mais la définition d’un service, c’est le double jeu, au minimum.
Quand il s’agit d’envoyer les tapis de bombes ou de shooter en video game des « talibans » (et des civils) avec des drones, les Américains sont forts. Quand il s’agit de mettre un pied à terre, de faire face à l’ennemi, c’est une autre histoire. La guerre peut être moderne, elle finit toujours en face-à-face, dans la tranchée et la douleur.
La vérité au sol (2010)
À peu de choses près, la charia en moins, chez E&R, on est un peu les talibans français : notre programme est presque l’envers du programme de la dominance. Ou plutôt, nos positions sont souvent à 180 degrés de la doxa officielle.
Les Talibans à Kaboul rappelent a des reporters américains leur programme politique :
- interdiction d avorter
- Gay marriage interdit
- Rejet de la science
- pas de vaccins (contre leur religion)
- pas de separation de l'église et l état
- Religion dans les écoles— LAURENCE HAIM (@lauhaim) August 15, 2021
Les talibans, ces va-nu-pieds, ont bouté le GI hors de leur patrie, c’est une grande victoire, et méritée. Ils ont perdu des dizaines de milliers d’hommes, des dizaines de milliers de civils (pendant une guerre civile de 20 ans), et aujourd’hui, comme Mao en 1949, ils peuvent goûter à leur victoire, une victoire militaire et morale. Quoi qu’en dise BHL, ce mauvais joueur qui a choisi le camp américain, celui des perdants.
Kaboul aux mains des talibans : pour Bernard-Henri Lévy, "c'est la revanche d'Al-Qaïda, la vengeance de Ben Laden" pic.twitter.com/737M603DsJ
— BFMTV (@BFMTV) August 16, 2021
Certes, les femmes ne vont pas être à la fête, selon les critères occidentaux, ou occidentistes, pour reprendre Zinoviev. En effet, nous vivons dans une idéologie qui nous emprisonne, et nous la croyons universelle. Or, elle ne l’est pas. D’autres hommes vivent selon d’autres lois, d’autres coutumes, qui peuvent choquer chez nous. En cas d’adultère de l’épouse, le taliban ne fait pas dans la dentelle.
Chez nous, la femme adultère est protégée par la loi, et son mari, qui en a pourtant très envie, ne peut ni lui taper dessus ni l’étrangler (la grosse dame du gouvernement qui était à l’Égalité femmes–hommes lui tomberait dessus). Là-bas, si. On ne dit pas que c’est bien, on dit que c’est différent. Ici, en cas de féminicide, dont on ignore les ressorts profonds (si ça se trouve, la femme était humainement dégueulasse), on tombe tout de suite dans la victimisation max. Or, on ne tue pas quelqu’un par hasard : quelque part, la personne doit le mériter.
Cette dernière phrase sert uniquement à faire hurler les féministes. Mais que les défenseurs des femmes ne réagissent pas de manière pavlovienne à chaque meurtre de femme, qui est d’abord le meurtre d’une personne : on tue une personne qui nous rend dingue, qui nous rend, hélas, meurtrier. Ensuite, c’est une femme, ou un homme. Dans les couples, la guerre de la femme contre l’homme est larvée, mentale ; celle de l’homme contre la femme est ouverte, physique. C’est sur cette différence que jouent les adeptes du féminicide.
Taliban punishing journalists for working with foreign powers, Jalalabad. Of course the female journalist is getting the majority of the abuse. Barbaric. pic.twitter.com/4veXVhWNeI
— Anthea (@Anthea06274890) August 18, 2021
Les talibans sont sans pitié pour leurs ennemis – les Américains et les femmes adultères (ou journalistes) – mais ils ne sont pas idiots : ils ont bien compris qu’Al-Qaïda ou l’État islamique étaient de fabrication américaine.
#Afghanistan : "L’État islamique est en guerre avec les #Talibans. Il faut le rappeler. Les #Talibans ont peur que l’EI les phagocyte. Et vice versa. L’EI estime que les Talibans sont des apostats parce qu’ils négocient avec les #Américains." @SimNasr #cdanslair #kaboul #usa pic.twitter.com/74WyoOvXSp
— C dans l'air (@Cdanslair) August 17, 2021
Après les attentats du 11 Septembre, le nom de ben Laden est tombé de la main du (vrai) couple présidentiel Rumsfeld-Cheney sur tous les téléscripteurs (c’est une formule, il y avait déjà l’Internet à cette époque). Voici la réaction des autorités talibanes :
Pas bêtes, les guêpes ! En vérité, les Américains ont monté la légende de la responsabilité de ben Laden et de ses protecteurs afghans pour mettre enfin le pied en Asie centrale, après 70 ans d’influence soviétique, d’où l’URSS venait de se retirer, 10 ans plus tôt. Une avancée stratégique certaine pour le Pentagone, qui avait été théorisée par les concepteurs du conflit de civilisations, avec à la clé l’encerclement de l’ennemi russe.
L’Afghanistan suscite les convoitises depuis 2 400 ans car c’est un pays stratégique, à la croisée de chemins brûlants : proximité de la Chine, route de la soie, influence russe, islamisme des ex-républiques soviétiques, business de l’héroïne qui finance les opérations noires, installation de postes de la CIA, stations d’écoute, déstabilisation du Xinjiang, surveillance et déstabilisation de l’Iran, double jeu pakistanais...
Arrivée mardi en Chine, une délégation des talibans afghans s’est entretenue avec de hauts responsables de la diplomatie chinoise, sur fond d’inquiétude croissante des voisins de l’Afghanistan sur la progression éclair des insurgés à travers le pays. Cette délégation de haut niveau, forte de neuf membres, est menée par le n° 2 des talibans, le mollah Abdul Ghani Baradar, l’un des cofondateurs du mouvement et chef de son « bureau politique », la représentation des talibans à Doha, a indiqué mercredi à l’AFP un porte-parole des insurgés.
Les talibans « ont assuré à la Chine que le sol afghan ne serait pas utilisé contre la sécurité de quelque pays que ce soit », a déclaré Mohammad Naeem, lui-même membre de la délégation, dans un message à l’AFP à Kaboul. De leur côté, les responsables chinois « ont promis de ne pas interférer dans les affaires afghanes, mais au contraire d’aider à résoudre les problèmes et amener la paix », a-t-il ajouté, sans préciser où s’étaient déroulées les rencontres sur le sol chinois. Durant cette visite de deux jours, la délégation talibane a eu « des rencontres séparées avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, le vice-ministre des Affaires étrangères (Wu Jianghao) et le représentant spécial chinois pour l’Afghanistan (Yue Xiaoyong) », a-t-il précisé. (Les Échos)
Un hasard, si l’on oublie que les Chinois ont armé les talibans contre les Américains, en réponse à la déstabilisation du Xinjiang par la CIA, de la même façon que les Américains avaient refilé des Stinger meurtriers aux talibans contre les Soviétiques dans les années 80... La réponse du berger à la bergère.
La classe politico-médiatique française, devant la victoire de la résistance talibane, a montré toute l’étendue de son ignorance crasse :
Le régime Taliban, c’est avec ou sans féculents ? https://t.co/7FDKEYwoL6
— Jean Edern’s Club (@JeanEdernH) August 23, 2021
Une femme qui ne portait pas de burqa tuée par un Taliban. Pour ceux qui avaient encore un doute... https://t.co/tQEmc6D8WS
— Eric Naulleau (@EricNaulleau) August 22, 2021
En Afghanistan, l'insécurité croissante et les événements de l’année ont entraîné le déplacement de plus d'1/2 million de civils dans le pays. Il y a une urgence humanitaire croissante et vous pouvez agir avec @UNHCRfrance pour leur venir en aide ➡️https://t.co/TlKG1DiH69
— Anne Sinclair (@anne_sinclair) August 22, 2021
Deux images pas communes
Bonus : l’Afghanistan vu par Engels en 1858
Il s’agit de quatre extraits d’un article du Monde paru le 30 septembre 2001.
La position géographique de l’Afghanistan et le caractère particulier de son peuple confèrent au pays une importance politique qu’il ne faut pas sous-estimer dans les affaires d’Asie centrale. C’est une monarchie, mais l’autorité du roi sur ses sujets fougueux et turbulents est personnelle et très incertaine. Le royaume est divisé en provinces ; chacune est dirigée par un représentant du souverain qui perçoit les revenus et les remet à la capitale.
Les Afghans sont un peuple courageux, résistant et indépendant. Ils se consacrent essentiellement à l’élevage et à l’agriculture et évitent le commerce qu’ils abandonnent avec mépris aux Hindous et à d’autres habitants des villes. Pour eux, la guerre est exaltante et les soulage de leurs occupations monotones et industrieuses.
Les Afghans sont divisés en clans sur lesquels les chefs exercent une sorte de suprématie féodale. Leur haine indomptable des règles et leur amour de l’indépendance individuelle sont les seuls obstacles à ce que leur pays devienne une nation puissante. Néanmoins, cette absence de règles et ce caractère imprévisible en font des voisins dangereux ; ils risquent de se laisser porter par leurs sautes d’humeur ou d’être excités par des intrigants qui soulèvent astucieusement leurs passions. Les deux principales tribus, les Dooranees et les Ghilgies, se querellent sans cesse.
Le contingent militaire est principalement fourni par les Dooranees ; le reste de l’armée est recruté dans les autres clans ou parmi des aventuriers qui s’engagent dans l’espoir d’une paie ou d’un butin. Dans les villes, la justice est rendue par des cadis, mais les Afghans ont rarement recours à la loi. Leurs khans ont le droit de châtier ; ils ont même le droit de vie et de mort. La vengeance par le sang est un devoir familial ; néanmoins, en dehors de toute provocation, ils sont considérés comme un peuple libéral et généreux. Les devoirs de l’hospitalité sont sacrés au point qu’un ennemi mortel qui mange le pain et le sel, même s’il y parvient par un stratagème, est à l’abri de la vengeance et peut même réclamer la protection de son hôte contre tout autre danger. Ils sont de religion musulmane et appartiennent à la secte sunnite, mais ils ne sont pas sectaires et les alliances entre chiites et sunnites sont courantes.
Décidément, ce Engels est beaucoup plus fin que nos représentants politico-médiatiques.