En octobre 2013, un jeune calaisien, Kévin Reche avait fondé « Sauvons Calais », un collectif voué à rassembler les Calaisiens contre « l’immigration de masse ». Un collectif similaire vient de naître à Dunkerque.
« Sauvons Calais » a su mobiliser plusieurs centaines de personnes à l’été 2014, attirant l’attention des médias, quitte à mettre en lumière ses liens avec des groupes sulfureux, comme Génération identitaire ou L’Œuvre française… Alors, forcément, en poussant la porte du bistrot qui, non loin de la digue, accueille la première réunion publique du collectif « Sauvons Dunkerque », on s’attendait à trouver des habitants du quartier du Basroch à bout de nerfs, des Calaisiens venus entretenir le compte à rebours avant l’apocalypse, des électeurs à la droite de la droite, voire des membres du bloc identitaire…
Alors on est un peu surpris de tomber sur une dizaine de copains au comptoir, qui ne semblent pas vraiment rentrer dans ces cases. L’ambiance est plus à la déconne qu’au meeting politique. Julien N., qui est à l’initiative du collectif, ne nie pas un lien avec le mouvement calaisien. Mais il assure que « Sauvons Dunkerque » n’a pas forcément les mêmes ambitions : « On a fondé le collectif il y a trois mois, on a fait quatre ou cinq réunions débat », explique-t-il. « On doit être une vingtaine, avec cinq personnes vraiment impliquées… » Il n’a pas l’intention de transformer « Sauvons Dunkerque » en association, le statut de collectif lui convient.
Égalité & Réconciliation
Alors qu’il dénonce l’aveuglement des élites politiques et médiatiques sur l’immigration et déroule le discours sur le « grand remplacement » on s’interroge sur ce grand type charmeur, visiblement érudit, qui cite Marx, Debord et Soral sans discrimination… D’ailleurs, il se garde bien d’arborer une étiquette, à part ses liens avec « Égalité & Réconciliation » d’Alain Soral. Mais il insiste surtout sur son statut de travailleur indépendant et ses deux années passées en Afrique. Deux années qui lui permettent de disserter sur les sociétés africaines, centrées, explique-t-il, sur une natalité dynamique et une vision presque messianique de l’émigration en Europe : « Ils marchent à l’espoir, ils conservent la certitude que l’Europe est un paradis. Ils y croient, parfois avec une foi religieuse… »
Dunkerque brûle-t-il ?
Pour lui, c’est sur cet aspect qu’il faut agir et convaincre que le paradis européen est une illusion. Il ne veut pas laisser croire que l’immigration est son obsession, juste un mal parmi des maux, comme le chômage de masse ou l’omniprésence de la culture anglo-saxonne. « L’immigration n’est peut-être même pas le pire, mais ça peut être le coup de grâce. » Mais après ces deux années, il est revenu au port de Dunkerque, bien décidé à « défendre le territoire ». Mais il peine à mobiliser les Dunkerquois, il l’admet sans peine : « C’est dur d’être contre l’immigration, dur d’argumenter contre les discours basés sur le pathos. Il y a beaucoup d’arguments sentimentaux sur les migrants, alors que ce sont des problèmes très concrets ! » « Sauvons Dunkerque » a pour l’heure quelque 285 sympathisants sur Facebook, contre plus de 19 000 pour « Sauvons Calais ».
Source : lepharedunkerquois.fr