« Bernie Sanders, “socialiste” autoproclamé de 78 ans, est sous pression depuis fin février. Malgré des débuts laborieux, son rival Joe Biden enchaîne les victoires et a gagné mardi haut la main dans l’Arizona, en Floride et dans l’Illinois. Avec 19 succès sur 27 États ayant voté, l’avance de l’ancien vice-président américain semble désormais insurmontable en vue de l’investiture démocrate pour la présidentielle. » ( Le Parisien)
C’est vraiment la déchéance du parti démocrate, qui était auparavant celui des pauvres (mais quand on remonte dans l’histoire américaine, c’est l’inverse : c’étaient les républicains qui représentaient le peuple), des oubliés, des laissés-pour-compte. Après la gouine dingo Hillary en 2016, qui avait dû être remplacée par une sosie pendant ses crises de nerfs et ses dangereux vertiges, au tour du vieux dégueulasse Joe Biden de représenter le parti démocrate face à Donald Trump le 3 novembre 2020. Car ne nous leurrons pas, la candidature du gauchiste Bernie Sanders, qui a un fort volet social dans son programme, n’est qu’un attrape-pauvres chez les démocrates. Wall Street n’en veut pas (de Sanders), il est considéré comme un « socialiste » et aux USA, c’est éliminatoire.
Face à l’ogre Trump, qui a relancé l’emploi national (la relance française de 1981 avait relancé l’emploi asiatique), Biden propose un programme beaucoup plus interventionniste que la Clinton. Mais rien ne peut égaler la relance à la Sanders, chiffrée à 50 000 milliards de dollars (sur 10 ans) ! Biden propose de nouvelles dépenses d’un montant de 5900 milliards de dollars, soit 8 fois moins. Il veut à la fois rassurer les milieux d’affaires – pas trop de ponction fiscale sur les riches (40 % max) – et ne pas désespérer Billancourt, c’est-à-dire les pauvres et les travailleurs qui auparavant votaient démocrate et qui ont tourné casaque en 2016, particulièrement dans les grands États industriels (Ohio, Pennsylvanie, Illinois, Michigan, New Jersey, Massachusetts, New York).
En mettant la barre très haut, selon l’idée qu’on ne pourra battre Trump que sur le terrain social et une vraie politique sociale, Sanders a obligé Biden à prendre en compte certaines de ses propositions. Bernie voulait annuler la dette monstrueuse des étudiants, Joe veut juste doubler le montant des bourses des étudiants à faibles revenus. Bernie voulait 4 années supérieurs gratuites, Joe propose la même chose mais seulement pour les familles les moins aisées (moins de 125 000 dollars par an de revenus).
Évidemment, ce virage à gauche (en paroles) après la claque reçue par Hillary et son programme progressiste néolibéral est du pain béni pour Trump qui dénonce la socialisation de l’adversaire. Mais pour les démocrates, il s’agit plutôt d’un programme progressiste interventionniste. C’est là où Trump est fort : sans le dire, il a imposé aux USA un interventionnisme à l’ancienne, comme pendant la crise commerciale avec la Chine. L’objectif est d’aider l’économie américaine, ses entreprises et ses employés, mais pas forcément le marché, c’est-à-dire le capitalisme financier qui préfère produire en Chine et vendre aux USA. Trump a rapatrié quelques usines, un geste suffisamment symbolique pour rassurer l’ouvrier américain. Les démocrates devront aller le chercher avec les dents, pas seulement avec des paroles.
Même Le Monde, journal horrifié par l’élection du populiste en novembre 2016, a dû reconnaître que le système Trump avait créé 5 millions d’emplois depuis 2016 et ce, de janvier 2017 (date de sa prise de fonctions) à janvier 2019 !
« Les États-Unis ont créé 312 000 emplois en décembre, un chiffre bien plus élevé que les estimations ne l’avaient laissé augurer. Dans un communiqué publié vendredi 4 janvier, le ministre du travail, Alexander Acosta, jubile : “Avec plus de 5 millions d’emplois créés depuis l’élection [présidentielle] de 2016, les États-Unis franchissent pour la première fois la barre des 150 millions d’emplois”, sans compter ceux du secteur agricole.
Si le taux de chômage a légèrement crû, de 3,7 % à 3,9 %, c’est en raison du retour sur le marché du travail de chômeurs auparavant découragés. La participation à l’emploi a d’ailleurs progressé de 62,9 % à 63,1 %. Il y a désormais plus d’offres d’emplois non pourvues aux États-Unis que de chômeurs. Le tout s’est accompagné d’une hausse annuelle des salaires de 3,2 % en décembre, bien supérieure à l’inflation (2,2 % en novembre). »
Et en janvier 2020, ça continue : 225 000 emplois créés, et Trump qui se réjouit dans un tweeet : « des emplois, des emplois, des emplois » ! « Des chiffres fabuleux », selon le 45e président des États-Unis, toujours aussi modeste. Et les salaires suivent : une progression de presque 3 % sur un an, inflation comprise !
Question : que vont dire les démocrates aux ex-chômeurs américains pour les faire changer d’avis ? Certes, le coronavirus va un peu relancer la casse, mais le bien est fait, si l’on peut dire.
Le programme extérieur interventionniste de Joe Biden qui veut « rompre avec l’isolationnisme » ; comprendre le retour des guerres US :