L’ancien vice-président Joe Biden a annoncé, jeudi 25 avril, sa candidature à l’investiture démocrate. Les intentions de vote placent ce vétéran de la politique au rang de favori parmi les candidats désireux de défier Trump en 2020.
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Deux mandats sans le moindre nuage plus tard, Joe Biden envisage de se lancer une troisième fois dans une candidature présidentielle. Il en est dissuadé par le président qui estime que l’heure d’Hillary Clinton, qu’il avait battue en 2008, a sonné. Le vice-président assiste impuissant à la défaite stupéfiante de 2016, convaincu qu’il aurait été capable de conserver dans le giron démocrate les cols-bleus séduits par le message revanchard et protectionniste de Donald Trump.
Car les décennies passées au Sénat n’ont pas éloigné ce natif de Pennsylvanie des classes populaires. Ses gaffes pourraient alimenter un livre, mais elles sont aussi considérées comme autant de gages d’authenticité. Elles le placent à équidistance de l’intellectualisme de Barack Obama et du populisme paradoxal d’un Donald Trump qui évite comme la peste les bains de foule des campagnes.
La longévité de Joe Biden charrie en revanche son lot de passifs. Comme son opposition, en 1974, au busing, l’utilisation du transport scolaire pour favoriser la mixité raciale au sein des établissements scolaires, une décennie après les lois sur les droits civiques.
Ou encore sa condescendance en 1991 vis-à-vis d’Anita Hill qui avait accusé le candidat à la Cour suprême Clarence Thomas de harcèlement sexuel, à une époque où les femmes étaient encore une infime minorité au Congrès. Avant même son entrée dans la primaire démocrate, il a été mis en difficulté par le récit des gestes d’affection appuyée, ressentis comme déplacés, qui ont été longtemps sa spécialité.
Les huit années passées dans le sillage centriste de Barack Obama risquent également de pénaliser Joe Biden au sein d’un Parti démocrate qui se déporte aujourd’hui sur sa gauche sur le financement de la protection sociale, la fiscalité, et le rôle de l’État fédéral.
La présence dans la course démocrate du sénateur indépendant Bernie Sanders, d’un an son aîné, lui permet miraculeusement d’éviter d’apparaître comme son doyen. Mais face à une escouade de quadragénaires et de quinquagénaires et pour éviter l’obsolescence, l’ancien vice-président va devoir vite faire la preuve qu’il n’est pas un fédérateur provisoire, par défaut, et qu’il est capable d’ajouter les générations aux générations et les modérés aux progressistes pour l’emporter face à Donald Trump.