Après l’Afghanistan où l’armée américaine est embourbée depuis 17 ans, les États-Unis se préparent à une autre guerre illimitée, en Syrie cette fois : l’administration Trump a fait savoir cette semaine qu’elle restera sur le territoire syrien tant que l’Iran n’en partira pas.
« Nous ne partirons pas tant que les forces iraniennes resteront en dehors des frontières iraniennes, et cela inclut les alliés de l’Iran et les milices armées », a déclaré lundi à des journalistes le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton.
Ce n’est pas la première fois qu’un responsable américain laisse entrevoir une présence américaine prolongée sur le sol syrien, où Washington a déployé quelque 2.000 soldats, dans le cadre de la lutte internationale contre le groupe État islamique (EI) : en janvier, le Pentagone avait fait savoir que les États-Unis maintiendraient une présence militaire en Syrie « aussi longtemps que nécessaire » pour prévenir tout retour de l’EI.
Et en juin, le ministre de la Défense, Jim Mattis, avait prévenu les alliés des États-Unis que quitter la Syrie dès la fin des combats contre l’EI serait une « bourde stratégique ».
Mais c’est la première fois qu’un départ des forces américaines est lié aussi directement à la présence de soldats iraniens et pro-iraniens en Syrie. Et surtout, un lien aussi direct change la nature de l’intervention en Syrie, justifiée légalement par la lutte contre les jihadistes après plusieurs attentats meurtriers en Europe : il ne s’agit plus d’une guerre contre l’EI mais d’une guerre indirecte contre l’Iran.
Questionné sur les propos de M. Bolton, M. Mattis a assuré que la politique américaine en Syrie n’avait pas changé. « Nous sommes en Syrie pour vaincre l’EI (...) et nous assurer qu’il ne revient pas dès que nous aurons tourné le dos », a-t-il déclaré.
Le ministre de la Défense, qui apparaît souvent plus mesuré que le bouillant John Bolton, a affirmé « lire la même partition de musique » que lui. Mais la situation sur le terrain est « complexe », a-t-il ajouté. « Il y a des centaines de subtilités et de nuances, je suis le premier à le reconnaître. »