Claude Lanzmann, le gardien éternel de la Shoah et l’arbitre des élégances dans ce domaine hypersensible, n’aurait pas apprécié. Pensez donc, une jolie fleur de couleur issue du croisement entre une Lorraine et un Burundais qui fait régulièrement la une des magazines people avec ses amours punchy (Lilian Thuram, JoeyStarr) et qui s’empare de la souffrance du peuple juif, on peut imaginer que ce contact aurait déplu au réalisateur de Shoah version longue. Mais Claude n’est plus, les femmes n’obéissent plus aux hommes et le monde continue de tourner, malgré le passé.
Le week-end tendance, c’est donc Auschwitz, une petite ville de Pologne. C’est là que la panthère noire de M6 est allée pour se ressourcer, parce que « je sentais que je devais y aller ». Poussée par une force mystérieuse, peut-être due aux nombreux documentaires sur la Shoah dans les médias, celle qui unie les paysans célibataires en France est allée en pèlerinage dans le camp de la mort de sinistre mémoire situé en Haute-Silésie. Il a en effet abrité des dizaines de milliers de travailleurs forcés pendant la Seconde Guerre mondiale, et beaucoup de juifs polonais et européens y ont laissé leur vie.
L’animatrice sexy a publié sur son compte Instagram un petit texte qui accompagne la photo désormais célèbre de l’entrée du camp, une photo qui fait froid dans le dos. Une entrée qui a été utilisée et filmée par Steven Spielberg pour son film Schindler’s List, une autorisation extrêmement rare des autorités du camp (d’aujourd’hui).
« Depuis des années je voulais aller à Auschwitz. J’avais peur de mes émotions, mais je sentais que je “devais” aller dans ce lieu d’horreur de l’âme humaine. Pas pour comprendre, car rien ne pourra expliquer ces monstruosités. Mais pour rendre hommage aux victimes, et témoigner à mon tour de ce qui fut la honte de l’humanité (l’une des hontes, parmi tant de génocides). Merci à @langage_de_femmes et @candy_srour d’avoir organisé cette visite, avec le @memorialshoahofficiel . 180 femmes de toutes origines, de toutes religions, réunies ici par un désir profond de tolérance et de paix. »
Il y a un petit bémol dans ce très beau texte : c’est la parenthèse qui relativise dangereusement « la honte de l’humanité » : « l’une des hontes, parmi tant de génocides ». Jusque-là, Karine avait tout bon, mais cette parenthèse remet tout en question. Car en mettant d’autres génocides à côté de celui des juifs, l’animatrice le rend moins unique, moins important, moins tragique, si l’on peut dire.
Les mots sont importants, Karine : as-tu mesuré l’impact, toi qui est suivie et appréciée par 5 millions de Français (l’audience de L’amour est dans le pré), pour ton talent et ton sourire, de cette parenthèse relativiseuse ? On s’attend, du côté de la presse de collaboration, à des réactions virulentes, par exemple celle de Libé qui risque de rappeler ton interview hyper complaisante de Marine Le Pen en 2021, alors le mal absolu. Karine, à l’époque, a été accusée d’« humaniser » la présidente du RN.
Ça rigole, ça rifougne, on a l’impression nauséabonde que les deux nanas se connaissent depuis toujours, qu’elles sont copines comme cochonnes ! Après le week-end au camp, comment cela va-t-il être pris par les gardiens des médias, on pense à des modérateurs hyper sensibles comme Julien Pain ? Quelle sera la sanction pour Karine ? On n’ose penser à un futur à la Kanye West... En même temps, Karine à l’ouest, ou plutôt à l’est... Tiens, on va refiler ça à Libé.