Histoire d’une vie bousillée qui détruit une autre vie...
« Enfant, il est retiré à 8 ans de la garde de ses parents et quitte sa famille (il a 4 frères et sœurs aînés). Il va ensuite se trouver ballotté de familles d’accueil en foyers. Une fois adulte, ayant reçu une très faible instruction (il sait à peine lire et écrire), il doit enchaîner les petits boulots pour subvenir à ses besoins.
À Amiens, dans la nuit du 25 au 26 octobre 1977, Michel Cardon, alors âge de 26 ans, s’introduit avec un complice, Jean-Yves Defosse (29 ans), chez un voisin, René Roullet, sexagénaire invalide, afin de commettre un cambriolage. Les deux malfaiteurs vont torturer le vieillard pour qu’il leur révèle où il cache ses économies. Ne trouvant pas le butin escompté, ils le tuent à coups de silex et de bâton (d’après Cardon, c’est Defosse qui serait l’auteur du meurtre) et emportent sur une carriole un maximum d’objets, y compris des boissons et des boîtes de conserve. Le crime ne leur aura rapporté que 200 francs. » (Source : Wikipédia)
Passer 40 ans en taule et sortir en débris humain n’a pas de sens. La peine de mort aurait été plus humaine pour Michel Cardon, coauteur d’un meurtre atroce sur un sexagénaire invalide. Oui mais voilà, son enfance massacrée plaide pour lui, diront les partisans de la circonstance atténuante. Le mal était-il déjà en Michel Cardon ?
Il y aura toujours deux courants dans la société : ceux qui estiment qu’on doit payer le prix de sa faute, et ceux qui invoquent le pardon possible. La France a supprimé la peine de mort sous Mitterrand, grâce ou à cause de Me Badinter. Depuis, on a des peines de prison de plus de 20 ou 30 ans qui ne servent à rien en terme de rédemption. On l’a vu avec le tueur d’enfant Patrick Henry...
Patrick Henry est mort avant sa sortie définitive. Philippe El Shennawy, lui, aura passé 38 ans en prison pour un braquage avec prise d’otages en 1975, avant de sortir en 2014 (par la grâce de François Hollande) avec un bracelet et des conditions spéciales. Mais il avait une famille, des amis.
« C’est le grand jour, c’est le jour où il sort », a réagi sur franceinfo Maître Éric Morain, avocat de Michel Cardon. L’un des plus anciens détenus de France est libre depuis vendredi 1er juin, à 8h40. Après 14 827 jours passés derrière les barreaux, l’homme de 67 ans bénéficie d’une libération conditionnelle, en raison de la dégradation de son état de santé.
Il a quitté le centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) pour rejoindre un centre d’hébergement et de réinsertion du Val d’Oise où il devra se soumettre à des soins psychiatriques. « Il va être confronté à une réalité qu’il ne connaît pas mais il va être accompagné par des professionnels à qui je vais le confier en toute confiance et en toute sérénité », a expliqué son avocat, Éric Morain, interrogé la veille de la sortie de son client.
franceinfo : Est-ce que vous avez eu un contact avec Michel Cardon ?
Maître Éric Morain : Je n’ai pas eu de contact direct depuis sa première permission de sortie il y a environ un mois. C’était la première fois qu’il passait une journée en-dehors d’un centre pénitentiaire depuis 40 ans. J’ai eu des nouvelles indirectes au mois de mai au cours de ses deux autres permissions de sortie, où il a passé ses premières nuits hors de prison depuis quatre décennies. Aujourd’hui, c’est le grand jour, c’est le jour où il sort.
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Est-ce que vous avez l’impression que la prison a profondément et durablement abîmé Michel Cardon ?
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J’ai vraiment confiance. C’est un projet que nous avons bâti ensemble, sur le long terme, pendant 18 mois. Ce projet tient la route. La plus belle des récompenses sera de le voir marcher dans ce parc.
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Il y a un vrai enjeu derrière : il faut éviter que les décennies s’ajoutent aux décennies et qu’on se retrouve avec des détenus de 80, 85, 90 ans. La prison n’est pas en mesure de s’occuper et d’accueillir des vieux détenus.