Animée par la colère de Bernard Cazeneuve qui ne comprend pas pourquoi l’État ne pourrait pas user d’outils de collecte et de traitement de données mis en place par Facebook ou Google, l’Assemblée nationale a adopté mercredi soir l’article 2 qui permettra d’imposer des « boîtes noires » aux FAI, hébergeurs et autres réseaux sociaux, pour détecter les comportements suspects de terrorisme en puissance.
Tard dans la nuit de mercredi à jeudi, une Assemblée nationale clairsemée a adopté les fameuses boîtes noires qui doivent permettre par des algorithmes de détecter les comportements suspects sur Internet. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve y aura mis tout ce qu’il pouvait de colère et d’indignation réelle ou feinte à l’encontre des "mensonges" prétendument proférés par "un puissant lobby", pour obtenir que les députés votent le dispositif, en usant d’une violente charge contre les Facebook et autres Google qui collectent eux-mêmes des données sur leurs utilisateurs, sans susciter l’émotion des parlementaires.
Puisque Facebook le fait et que cela ne dérange personne, il n’y a pas de raison que l’État ne puisse pas le faire, a-t-il vociféré en substance. Sans jamais paraître comprendre que les utilisateurs de Facebook fournissent les données qu’ils acceptent de fournir, alors que le gouvernement demande à pouvoir potentiellement tout observer, sur tout le monde, sans possibilité pour quiconque d’échapper à la surveillance.
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Boîtes noires : les 5 députés qui ont voté contre
L’Assemblée nationale a publié le détail du scrutin public qui a permis la nuit dernière, par 25 voix contre 5, l’adoption du dispositif des boîtes noires qui surveilleront le comportement des internautes par des algorithmes.
Ces derniers auront la charge de « dénoncer » automatiquement les internautes qui devraient faire l’objet d’une surveillance accrue par les services de renseignement, avec la possibilité d’une levée de leur anonymat.
Sur 577 députés élus, 5 se sont opposés à ce dispositif orwellien :
Laure de La Raudière (UMP)
Lionel Tardy (UMP)
Isabelle Attard (Nouvelle Donne)
Sergio Coronado (EELV)
Jean-Jacques Candelier (GDR)
Tous les députés socialistes présents (19) ont voté pour. Le Front National, qui avait dit son indignation lors de la discussion générale, n’a pas jugé utile de se déplacer.