Pour Simon Fujiwara, le monde est un parc d’attractions. Sujets, objets, villes, organisations… Rien n’échappe à la mise en scène, tout est prétexte à un enrobage marketing. Le constat est amer, certes, mais il est pleinement assumé par ce trentenaire ultra-lucide. À l’heure où chacun devient sa propre marque et produit constamment des images sur les réseaux, ce Britannique installé à Berlin s’interroge sur l’effectivité du pouvoir de l’artiste.
- La chance de voir Anne Frank presque vivante en train d’écrire son Journal !
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C’est après avoir vu une reproduction de la jeune fille au musée Grévin que l’artiste a eu l’idée de cette installation. Loin de seulement vouloir choquer en se référant à cette personnification de l’horreur nazie, il expose ici une icône (prétendument) intouchable, mais mise à nu car scrutée de toute part.
On ne le sait que trop bien : Anne Frank attire nombre de « visiteurs-consommateurs » et fait l’objet d’un musée, de produits dérivés et de multiples reproductions, online ou offline. Aussi chargées d’histoire et d’affects soient-elles, les images n’échappent pas à l’instrumentalisation par le capital – au contraire. Elles en sortent lessivées, plus ou moins dépossédées de leur valeur, et parfois tristement décontextualisées…