Le journal allemand Die Welt am Sonntag révèle que des personnes réfugiées en Allemagne, bénéficiaires d’allocations, feraient des séjours dans leur pays d’origine. Cela jetterait le doute sur la réalité des persécutions ayant motivé leur exil.
Selon une enquête de l’hebdomadaire allemand Die Welt am Sonntag, des réfugiés enregistrés en Allemagne, et à ce titre bénéficiaires d’allocations, feraient de courts séjours dans leurs pays d’origine. On note parmi ces destinations la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan. Autant de pays dont certains ressortissants obtiennent le statut de réfugié en Occident compte tenu des dangers et des persécutions dont ils pourraient être victimes en y vivant. Des pays où les consulats occidentaux recommandent de ne pas se rendre, sinon pour des raisons d’extrême urgence.
La Bundesamt für Arbeit (BA), l’agence fédérale allemande pour l’emploi, évoque pour sa part un « certain nombre de cas » de séjours de migrants au pays. Mais selon un porte-parole cité par Die Welt am Sonntag, l’agence est dans l’impossibilité de fournir des statistiques précises : « Il n’y a pas base légale pour cela, aussi nous n’avons aucune information ». Selon les règles allemandes régissant les droits des demandeurs d’asile, les migrants ont le droit de quitter leur pays d’accueil pour un durée maximale de 21 jours.
Des réfugiés économiques ?
Et si les réfugiés bénéficiaires d’allocations doivent communiquer à l’administration les dates et durée de leur « congé », rien ne les oblige à en donner la destination. Or, même si l’agence fédérale pour l’emploi venait à en être informée, cette dernière n’est pas autorisée à la transmettre à d’autres organismes publics et encore moins au public, au nom de la « protection des données personnelles ».
L’Office fédéral de la migration et des réfugiés (BAMF) y voit pour sa part une bonne nouvelle. « S’il s’agit d’un voyage d’agrément, c’est une indication que le réfugié ne craint pas les persécutions ». Mais le ministère allemand de l’Intérieur n’est pas de cet avis et a expliqué que le voyage d’un demandeur d’asile dans un pays dit de « persécution » prouvait de facto l’absence de danger – base de la demande d’asile – et pouvait conduire au retrait du statut de réfugié.