Une lueur d’espoir néanmoins subsiste. Celle d’un homme qu’un grand nombre de citoyens qualifie de candidat de la dernière chance : Ali Benflis, héritier d’un passé familial révolutionnaire et d’une grande carrière politique, à l’image de sa notoriété publique incontestable et de son socle populaire, bâti au fil de ses fonctions et responsabilités.
Un homme de loi, élu bâtonnier à deux reprises, qui croit intimement qu’un État de droit demeure la clé de voûte d’une démocratie effective – c’est pourquoi il fonda la première ligue indépendante des droits de l’Homme, en Algérie en 1988. Son travail de fond l’aura d’ailleurs amené à occuper le poste de ministre de la Justice, en 1988, avant de devenir député, puis secrétaire général du Parti du Front de Libération Nationale (FLN), entre 2001 et 2004, secrétaire général et directeur de cabinet de la présidence, avant d’être nommé chef du gouvernement (2000-2003). Des fonctions qui lui ont permis de bonifier sa personnalité, son charisme et sa perception de l’État.
Aujourd’hui, il souhaite réconcilier le peuple avec la politique, en lui restituant ses lettres de noblesse. Car trop souvent cette dernière a montré son mauvais visage. Ali Benflis en sait quelque chose, puisqu’il a été victime de la fraude électorale à deux reprises, aux présidentielles de 2004 et de 2014. Un échec planifié et orchestré par des mécanismes bien rodés, entre irrégularités et argent à la provenance douteuse, ainsi que de nombreux relais médiatiques inféodés aux donneurs d’ordres. Une occasion ratée, en d’autres termes, d’assister à l’émergence de la voix du peuple et le retour à sa souveraineté. Une « faillite de l’administration dans l’organisation du scrutin », comme il le déclarera après coup.
Assistant impuissant à une désagrégation chronique du pays et de ses institutions, il n’a cessé de croire dans le peuple et, surtout, son désir profond de changement. Raison pour laquelle il crée en 2014 un parti politique, Talaie El Hourriyet (« Avant-garde des libertés »), progressiste et inclusif, doté d’un modèle de gérance collégiale et démocratique. Une singularité à mettre en exergue vu le style local des prises de décisions, souvent à huis clos, dans un esprit de présidium à la Soviet. Le parti politique d’opposition d’Ali Benflis puise sa force et son élan dans sa base militante et son socle populaire, puisqu’il a été bâti par une classe citoyenne hétéroclite. Il a su en un temps record s’immiscer dans la cour des grands et devenir un acteur majeur des partis de l’opposition algérienne. Une opposition timorée, divisée, en quête de maturité et qui évolue dans un écosystème politique défavorable et inadapté au principe du contre-pouvoir.
Opportunité historique d’alternance
En trois ans d’existence, ce prétendant sérieux au poste suprême a su faire de cette structure politique un véritable vivier d’hommes et de femmes engagés et soucieux de construire une Algérie nouvelle. Un véritable laboratoire d’idées mis au profit de l’intérêt collectif, à travers un programme complet, doté d’une vision stratégique et d’un projet commun, pour accompagner et assurer une transition graduelle dans tous les domaines. Ali Benflis cherche ainsi à désenclaver l’Algérie pour en faire un acteur multisectoriel, afin qu’elle puisse peser de tout son poids dans l’évolution du monde qui l’entoure. Et cela à travers un plan de sortie de crise en cinq axes :
Le retour à la souveraineté du peuple à travers des élections libres, organisées par une instance réellement indépendante et effectivement souveraine
La formation d’un gouvernement d’union nationale constitué des principales forces politiques qui auront émergé de ces élections
L’élaboration d’un « pacte de gouvernabilité »
L’élaboration d’une nouvelle constitution de la République qui sera soumise au suffrage populaire
L’édification de véritables institutions basées sur le principe de la séparation des pouvoirs
Un plan de sortie de crise, accompagné et garanti par l’Armée nationale populaire, véritable colonne vertébrale de la stabilité d’un pays en proie à des turbulences régionales et des défis géostratégiques. Un plan à la fois sage et ambitieux, dans lequel la jeunesse aura une responsabilité prépondérante, à la hauteur de sa rigueur, de sa détermination et de sa volonté à changer les choses et marquer une rupture avec l’ancien modèle. Ceci afin de se conformer au nouveau monde et ses multiples challenges. Car l’Algérie est à la croisée des chemins. Et elle doit ouvrir la voie à l’instauration graduelle d’un système démocratique et d’un État de droit. Assisterons-nous dès lors à une opportunité historique d’alternance par les urnes ? Subirons-nous au contraire une funeste reconduction du régime politique en place ? La seconde option signifierait la sauvegarde des intérêts claniques et personnels du régime en place, au détriment de ceux de la nation. La stagnation politique semble irresponsable à tous égards.
Lire l’intégralité de l’article sur lemonde-arabe.fr
Ali Benflis, le seul recours pour les Algériens ?
Ali Benflis aura 72 ans en 2019 et c’est peut-être son heure. Longtemps secrétaire général du FLN, en rupture avec Abdelaziz Bouteflika depuis 2003, il n’a eu de cesse, comme avocat et militant des droits de l’homme, de dénoncer la corruption et les fraudes électorales à chacun des scrutins majeurs historiques du pays. Il connaît bien le système politique algérien et sait que si le président sortant renonce à se présenter cette fois ci, il sera le mieux placé pour fédérer de nombreuses forces du pays pour contrer notamment l’inquiétante montée des islamistes.
Contrairement à beaucoup d’autres prétendants isolés, Ali Benflis, après avoir créé son propre parti en 2015, Talaie El Hourriyet, est devenu le principal opposant à Abdelaziz Bouteflika.
Ali Benflis n’est pas un homme comme les autres en Algérie. Contrairement à Abdelaziz Bouteflika, il est un berbère. Il est originaire de Batna, la fameuse capitale des Aurès, cette chaîne de montagnes essentiellement peuplée par le peuple berbère chaoui. Plus que d’autres rivaux du président, il a l’expérience, l’art de fédérer, le réseau local du parti, un programme de renouveau national.
Mais ce qu’il lui manquait en 2014 est peut-être en train de se résoudre : l’indispensable soutien de l’armée qu’il avait déjà en partie obtenu auparavant mais qui a pu parfois être à géométrie variable. Il n’est pas un militaire. Rappelons qu’il a créé la première Ligue indépendante des droits de l’homme du pays en 1988, ce qui peut le rendre sympathique pour un certain nombre d’Algériens.
Jusque maintenant, Ali Benflis était resté dans l’attente, optant pour une stratégie prudente pendant des mois, afin de prendre de l’ascendant sur la classe politique algérienne, tous partis confondus, de renforcer cette image de fédérateur et modéré qu’il est, et qui pourrait être cette année ce recours que les clans au pouvoir, l’armée, les oligarques, viendront chercher pour éviter à l’Algérie de partir à la dérive. 2019 marquera peut-être l’histoire et les choses pourraient aller très vite.
Quel est le programme d’Ali Benflis pour prévenir de ce chaos politique en Algérie ? Il faudra une réforme profonde de l’État et des institutions du pays, l’instauration progressive d’un État de droit, une lutte active contre la corruption et les privilèges, une diversification de l’économie indispensable, remettre l’intérêt général au cœur de la vie politique au détriment de l’intérêt de certains, soutenir un système permettant l’attribution des marchés publics en toute transparence, moderniser l’administration et rentabiliser ses efforts, moderniser la justice qui doit devenir un vrai contre-pouvoir et un organe de poursuite judiciaire efficace de politiques clientélistes, favoriser un pluralisme politique qui ne soit pas que de façade, ouvrir le pays au monde et au tourisme.
Ali Benflis n’a rien à perdre à se lancer et se proposer comme l’homme de la situation pour 2019 : à condition bien sûr et seulement si Abdelaziz Bouteflika finit réellement par renoncer à briguer quoi que ce soit et préempter l’avenir d’un pays qui ne demande qu’à rajeunir, se moderniser, se diversifier, s’ouvrir, accueillir le tourisme, et tenter de reprendre un leadership régional tout en négociant un certain nombre de questions sensibles avec notamment le Maroc, que Ali Benflis a toujours considéré, lui, comme un pays frère.
Il faudra suivre les prochaines semaines les différentes déclarations de son parti pour mesurer tous les enjeux qui risquent de survenir à seulement quatre mois de la présidentielle qui va arriver très vite.
Ali Benflis est certainement le seul recours pour les Algériens aujourd’hui et c’est pourquoi il aura peut-être enfin rendez-vous avec le destin de son pays en 2019.
Lire l’intégralité de l’article sur opinion-internationale.com