Après le rassemblement organisé devant le siège de l’Autorité de régulation de l’activité audiovisuelle, des intellectuels cherchent à sanctuariser la parole publique. Des écrivains et intellectuels lancent en effet l’idée de faire voter une loi interdisant le « takfir ». C’est l’écrivain et ancien directeur de la Bibliothèque nationale qui porte l’idée. L’homme, qui s’est exprimé ces derniers jours dans les médias, veut en effet pousser les autorités à faire voter une loi qui interdit aux hommes de religion et aux imams autoproclamés de déclarer « impies » ceux qui ne partagent pas forcément leurs idées.
Amine Zaoui, qui fait partie de rares intellectuels à partir en guerre contre les salafistes et ceux qui se permettent de distribuer des certificats ès foi, estime que « le monde musulman vit une anarchie religieuse qui permet à certains d’agresser d’autres au nom de la religion. Cela nécessite donc une loi qui protège les intellectuels », a déclaré l’écrivain, cité par le journal arabophone El Bilad. Zaoui affirme qu’il n’est pas seul dans cette initiative.
Avant d’arriver à cette demande, les intellectuels sont partis d’un constat. Des avis religieux présentant à la vindicte populaire des intellectuels, artistes et autres hommes de culture sont légion. La dernière en date est celle qu’a due affronter l’écrivain Rachid Boudjedra à deux reprises. Une première fois, l’auteur de L’Escargot entêté a été obligé de se justifier lorsqu’il avait affirmé, dans une émission diffusée sur Echorouk TV, qu’il était athée.
Une « aveu » qui avait soulevé une levée de boucliers chez une partie des islamo-conservateurs. Un imam, qui s’autoproclame représentant d’un islam « authentique », avait accusé l’écrivain d’apostasie. C’est le même Hamadache qui avait demandé, en 2014, à ce que la peine de mort soit prononcée contre l’écrivain et journaliste Kamel Daoud.
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Pourtant, ce que demandent Amine Zaoui et ses camarades n’est pas tombé du ciel : la Constitution algérienne garantit la liberté du culte et de la conscience.