Les couloirs humanitaires créés par la Russie et les autorités syriennes dans la ville d’Alep permettent d’évacuer non seulement des civils, mais également des djihadistes souhaitant déposer les armes.
Les terroristes de différents groupes armés ont déposé les armes et se rendent à l’armée dans les quartiers est de la ville d’Alep, annoncent les milices soutenant l’armée du gouvernement syrien.
« Pour le moment, on ne peut pas dire que les terroristes se rendent massivement. Mais ces dernières 48 heures, plusieurs dizaines de djihadistes se sont rendus dans les quartiers de Salaheddine et de Cheikh Maqsoud », a indiqué une source au sein des milices.
Les djihadistes ayant accepté la proposition de l’armée syrienne ont déposé leurs armes au poste de contrôle et passeront par les services spéciaux avant de bénéficier de l’amnistie et de reprendre une vie pacifique.
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Vendredi, on a appris que dans certains quartiers, les djihadistes avaient interdit aux hommes de moins de 50 ans de quitter la zone des combats, menaçant également les personnes âgées et les femmes qui voulaient partir.
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À suivre, deux vidéos sur les combats très durs qui ébranlent les faubourgs d’Alep et le cœur de la ville, divisée en plusieurs territoires tenus par les différentes factions en guerre : djihadistes de toutes tendances (aux noms parfois inconnus des occidentaux pour les gangs minoritaires), rebelles officiels, forces syriennes loyalistes, combattants du Hezbollah, Iraniens et Russes.
Certaines images sont éprouvantes. Les extraits accolés datant de juillet 2016 montrent toutes les tendances des belligérants engagés dans le combat. Des quartiers sont gagnés, tenus ou perdus. La réalité de la guerre en Syrie est là : de nombreux civils ont quitté la seconde ville du pays (mais les couloirs humanitaires ne sont pas encore sûrs), les forces d’Assad et les forces kurdes prennent en tenaille la conurbation d’Alep, les poches rebelles et djihadistes se réduisent, mais très lentement.
Sur la seconde vidéo, les observateurs remarqueront que les djihadistes du groupe « al-Sham » utilisent du matériel américain : le lance-missile Tow, qui explique la progression méfiante des blindés de l’armée syrienne. La FSA, Free syrian army, la faction rebelle « modérée », en bénéficie aussi.
Chaque immeuble, chaque maison, chaque trou doit être pris, au prix de pertes humaines. C’est la guerre urbaine au sol, celle que redoutent les armées occidentales. Les Syriens, eux, n’ont pas le choix, s’ils veulent libérer leur pays du projet de destruction effectif depuis 2011.
Les sous-titrages qui indiquent quelle faction envoie les images sont en anglais mais suffisent à comprendre qui combat qui et où.
Pour ne pas quitter la Syrie sur une note trop désespérante, car la vie reprend toujours ses droits, nous publions cette lettre d’une jeune chrétienne d’Alep.
Je m’appelle Rand Mittri. J’ai 26 ans et je viens d’Alep, en Syrie. Comme vous le savez peut-être, notre ville a été détruite, ruinée et brisée. Le sens de notre vie a été anéanti. Nous sommes la ville oubliée.
Cela peut être difficile pour une grande partie d’entre vous de comprendre l’étendue de ce qui se passe maintenant dans mon pays bien-aimé, en Syrie. Il va m’être très difficile de vous donner une image de la vie pleine de douleur en quelques phrases, mais je vais partager avec vous quelques aspects de notre réalité.
Chaque jour, nous vivons entourés de la mort. Mais comme vous, le matin, nous fermons la porte quand nous allons au travail ou à l’école. C’est à ce moment que nous sommes pris par la peur de ne pas pouvoir rentrer pour retrouver nos maisons et nos familles. Peut-être serons- nous tués ce jour. Peut-être nos familles ne seront plus en vie. C’est un sentiment dur et douloureux de savoir que tu es entouré de la mort et de la tuerie, et qu’il n’y a pas de possibilité de s’enfuir : il n’y a personne pour t’aider.
Est-il possible que ce soit la fin et que nous soyons nés pour mourir en souffrance ? Ou bien sommes-nous nés pour vivre, pour vivre la vie le plus pleinement possible ? Mon expérience de cette guerre a été rude et difficile. Mais tout ça a fait que j’ai mûri et j’ai grandi avant mon âge, que je vois les choses d’une perspective différente.