Chaque année la CICAD (Coordination Intercommunautaire contre l’antisémitisme et la Diffamation) publie un rapport sur l’antisémitisme. Elle établit une classification des actes antisémites en Suisse-Romande (graves, sérieux, préoccupants). Cette année, le nombre de ces actes serait de 153 (contre 164 en 2015).
Alain Soral, Égalité & Réconciliation ainsi que Dieudonné occupent une place importante dans ce rapport. On peut y voir une manière d’adouber ceux qui proposent une critique sérieuse et subversive de l’influence du lobby pro-israélien sur différents pouvoirs en place. Ceux qui se réclament de la dissidence, qui pensent que leur parole est subversive et qui revendiquent une audience massive doivent probablement être déçus de ne pas y figurer.
L’entretien avec Alain Soral pour lapravda.ch de mai 2016 a visiblement attiré l’attention de la CICAD. Quelques passages de cet entretien ont été reproduits à la page 9. On notera que la partie en gras (ci-dessous) n’apparait pas dans la retranscription de la CICAD. Omission involontaire ou volonté délibérée de ne pas mettre en lumière un passage qui pourrait être gênant pour leur narration ?
Quand je vois certains signes comme la puissance incroyable de la CICAD en Suisse, je me dis que la Suisse est en train de passer sous contrôle mondialiste. Les signaux d’alerte sont toujours les mêmes, c’est, en général : religion de la Shoah, culpabilisation sur tout ce qui est fierté nationale et identité nationale, l’imposition de force de l’idéologie antiraciste, qui est en général à deux vitesses.
Cela a à voir avec une domination de plus en plus violente d’une communauté qui, en fait, s’appuie essentiellement sur son pouvoir financier international pour imposer sa vision dominatrice, qui correspond tout à fait à la vision de l’Ancien Testament, et habiller ce désir et cette volonté de domination par, soi-disant, un combat de défense des minorités, puisqu’elle serait une minorité – soi-disant opprimée, alors qu’elle est aujourd’hui, de toute évidence, une minorité agissante – et se cacher derrière l’antiracisme pour en fait imposer une vision qui, elle, est totalement raciste, qui est la vision de ce qu’on appelle le « peuple élu », avec le projet de Terre promise. La Terre promise, on commence à le comprendre de plus en plus, ne se limitant pas à la Palestine biblique, mais à la Terre entière.
À la page 12, la CICAD se livre à une analyse statistique. Il y a un tableau qui représente l’évolution des actes antisémites de 2004 à 2016 mais également un graphique qui illustre la répartition des actes antisémites par mois pour l’année 2016. Après avoir noté que le nombre d’actes les plus élevés ont été enregistrés au cours de février, mars et juin, la CICAD précise :
Les mois de janvier et février correspondent ainsi à la condamnation d’Alain Soral et à l’interdiction faite à Dieudonné de donner ses spectacles à Hong-Kong. Ces deux événements ont été utilisés comme prétexte afin de mettre en avant des théories de « domination et dictature juives mondiales.
La CICAD semble regretter de ne pas pouvoir agir suffisamment contre les personnes et les mouvements cités dans le rapport :
Par ailleurs, il convient ici de rappeler que l’extrême droite suisse bénéficie très directement des lacunes du droit pénal. Pour ce qui est de la mouvance dite de la « dissidence » en Suisse romande, celle-ci se nourrit d’influences venant principalement des pays voisins comme la France et des groupes très actifs sur le web comme l’association politique Égalité et Réconciliation d’Alain Soral ou les sites proches de Dieudonné.
Pour lutter contre ce « laxisme », la CICAD émet toute une série de recommandations. Voici ce qu’elle recommande notamment au niveau de l’éducation :
Mise en place d’une étude dans les établissements scolaires afin de mettre en évidence la présence des préjugés à caractère racistes et antisémites. Une telle enquête permettra d’étudier les opinions, les attitudes racistes, les actes de violence subis, la discrimination, les besoins de formation dans ce domaine et l’état actuel des connaissances.
Au niveau des réseaux sociaux :
Les réseaux sociaux, dans lesquels les propos antisémites sont les plus nombreux, doivent être soumis à une surveillance plus rigoureuse. Les posts, pages ou groupes antisémites doivent être systématiquement supprimés.
À noter que la CICAD propose une définition très large et assez particulière de l’antisémitisme :
« Antisémitisme » signifie, dans son acception commune : « une attitude d’hostilité à l’égard des minorités juives, quel que soit, d’ailleurs, le motif de cette hostilité ». Cette hostilité peut aller d’une aversion individuelle jusqu’à des formes de persécution idéologiques et institutionnalisées.
On ne saurait résister à l’envie de suggérer à la CICAD, par souci d’honnêteté intellectuelle, de reproduire des définitions alternatives à la sienne dans son prochain rapport :