L’avionneur européen Airbus n’en est pas à son premier plan de restructuration. Alors que le plan Gemini prévoit un plan de suppression d’emplois de 1 164 postes en Europe, dont 639 en France, Airbus réalise des bénéfices non négligeables sur l’année 2017 et affiche un carnet de commande généreusement fourni qui taquine les 1 000 milliards d’euros.
Comme le souligne le président exécutif d’Airbus, Thomas Enders, « Nous avons surpassé tous nos indicateurs clés pour 2017, grâce à de très bonnes performances opérationnelles, en particulier au dernier trimestre ».
- Tom Enders, le PDG qui allie profits et licenciements
Il peut aussi se féliciter d’une hausse de 8% du cours de son action en Bourse suite à la divulgation de ses bons résultats. Mais rien n’y fait, le profit l’emporte toujours sur les vies humaines et l’avionneur envisage de licencier jusqu’à 3 700 agents supplémentaires pour faire face aux baisses de cadence sur l’A380 et l’A400M.
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Et même si le constructeur rattrape largement ses marges par ses ventes des autres modèles, Airbus a ainsi annoncé ce mercredi à Toulouse, où est situé le siège de l’entreprise, vouloir procéder à quelques 3 700 suppressions de postes le tout « de manière responsable » afin de « trouver les meilleures solutions possibles pour ses employés ».
En réalité, l’entreprise compte procéder à un redéploiement de ses effectifs vers des modèles d’avions qui ont le vent en poupe comme l’A320, de l’A330 ou encore de l’A350 dont les commandes sont « en forte hausse ».
Toutefois, derrière cette opération zéro licenciements en apparence se cache une réalité tout autre, celle des départs en retraite avec des postes qui ne seront pas renouvelés et celle des sous-traitants qui se verront remercier par des « fins de mission » qui vont accentuer la précarité de ceux qui subissent déjà les conditions de travail les moins sûrs. Jean-Marc Escourrou, secrétaire FO confirme que la direction ne réalisera pas de licenciements secs parmi ses employés mais qu’elle va taper dans le « flex, c’est-à-dire les intérims et les sous-traitants ».
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Contrairement à la doxa capitaliste, chez Airbus, on voit bien que les profits, et la bonne santé des entreprises, ne sont en rien une source d’emploi et d’amélioration des conditions de travail des salariés. Bien au contraire, pour Airbus, la vie des salariés constituent une simple variable d’ajustement, et c’est de cette exploitation toujours accrue par l’accélération des cadences et la réduction des postes qui est la source de leur bonne santé financière.