Décidément, les manifestations culturelles suisses agissent de manière parfaitement similaire aux médias institutionnels français lorsqu’il s’agit d’évoquer Alain Soral. Tout en se gardant de lui offrir une tribune, son nom est évoqué en permanence et l’on déroule le tapis rouge à ses détracteurs, qui ne se privent pas pour caricaturer, déformer ou sortir de leur contexte ses propos.
Rappelons qu’une association voulait faire la promotion des livres de la maison d’édition Kontre Kulture, fondée par Alain Soral, et s’est vu refuser un stand au Salon du livre de Genève sans aucune explication [1]. Nous avons interpellé une personne de la direction du Salon du Livre en lui demandant quels étaient les critères pour pouvoir obtenir un stand. Elle a alors confié qu’une association proche de Dieudonné et d’Alain Soral avait bien été refusée. La limite est claire, c’est Dieudonné et Alain Soral.
Tapis rouge déroulé à Agnès Soral
Le Salon du Livre refuse d’accorder un stand à des personnes favorables à Alain Soral mais déroule le tapis rouge à sa sœur Agnès, qui est en promotion pour un livre consacré presque entièrement à son frère. Ce qui confirme que le Salon du Livre suit une ligne bien précise.
Juste avant la discussion animée par Pascal Schouwey en présence du public, je suis allé, accompagné d’un acolyte, me présenter à Agnès Soral en lui expliquant que c’était moi qui avait effectué un entretien par téléphone avec elle quelques semaines auparavant [2]. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle n’a pas apprécié le ton employé lors de l’entretien. Lors du débat, elle n’aura cesse de prendre le public à témoin en disant que je l’avais agressée au téléphone.
La discussion avec l’animateur commence de manière assez classique, Agnès Soral commence par prétendre qu’il n’y aurait aucun jugement de sa part envers son frère. Tout en sirotant tranquillement un verre de champagne, elle affirme : « Il est en train de mettre de l’huile sur le feu. » Assis au premier rang, nous prenons des photos et soudain un responsable zélé du stand nous intime l’ordre de ne pas prendre de photos. Nous expliquons qu’il n’y a aucun règlement qui interdit de prendre des photos d’une manifestation ouverte au public. Agnès Soral, qui a l’air de nous accorder une importance toute particulière, nous invective : « Ça ne vous intéresse pas ce que je raconte ? » Nous lui répondons que c’est le responsable du stand qui nous importune et celui-ci repart, dépité, sans demander son reste.
Tout en louant les qualités d’Alain Soral en disant que c’est un très bon romancier, qu’il est plein de talent, qu’il sait peindre et qu’il a tout d’un surdoué, Agnès Soral ne peut s’empêcher de revenir en permanence sur une ligne que l’on peut qualifier de « psychologie de bazar ».
Sur le thème de la liberté d’expression, Agnès Soral affirme qu’elle la soutient. Le journaliste Pascal Schouwey rajoute que le dialogue en France est devenu extrêmement difficile. Tout en disant ne pas être pour l’interdiction du spectacle de Dieudonné par le ministre (référence à Manuel Valls), elle affirme très sérieusement à propos de Dieudonné et d’Alain Soral : « Je ne sais pas ce qui leur a pris à tous les deux mais ils se sont montés le bourrichon. » La pertinence des analyses d’Alain Soral et le succès de Dieudonné lié à sa critique du pouvoir semblent totalement lui échapper.
Viennent ensuite les questions du public. Joseph Navratil met Agnès Soral face à ses contradictions en lui expliquant que l’argument selon lequel Alain Soral pousserait à la violence ne tient pas. Non seulement il ne pousse pas à la violence mais c’est lui-même qui la subit puisqu’il a été victime de plusieurs agressions. Il explique aussi que même si Alain Soral peut parfois utiliser un ton percutant et sans concession, le fait de lui répondre par la violence physique est certainement démesuré. L’actrice répond que son frère a beaucoup d’humour mais qu’on ne peut pas faire de l’humour avec tout. Selon elle, Alain Soral aurait toujours fonctionné dans un mode de violence et lorsqu’il se serait mis à invectiver les gens avec brutalité, ceux qui ont pu subir des traumatismes ont pu lui répondre de façon maladroite. Elle évoque, sans les nommer, « ceux qui ont vécu des souffrances depuis des millénaires ». Curieuse façon de voir les choses lorsqu’on sait les innombrables agressions physiques subies par Alain Soral pour ses idées ou bien les persécutions judiciaires dont on l’accable.
À propos du public sensible aux analyses d’Alain Soral, elle évoque qu’il y a en eux « un côté testostéroné ». Si c’est pour nous dire que les membres et les sympathisants d’E&R possèdent plus de virilité que les animateurs de Canal+, il est effectivement difficile de la contredire sur ce point.
À la fin de la discussion, Agnès Soral finit par tenter de me vendre le fait que Frédéric Haziza aurait été victime de harcèlement, lorsqu’elle lit le scepticisme sur mon visage, elle m’apostrophe : « Ne faites pas la moue ! Avez-vous déjà été harcelé ? » Je lui réponds calmement que mon cas ici n’intéresse personne et l’animateur met fin à la discussion en disant qu’on ne va pas lancer un nouveau débat.
3 mai 2015