Utilisation de l’agent orange au Vietnam, condamnation pour contamination aux PCB, controverses autour du Roundup… l’histoire de la multinationale des OGM est rythmée par les scandales. Alors que le Tribunal Monsanto, un tribunal citoyen, va rendre son verdict, retour sur les polémiques qui ont marqué le groupe.
Le glyphosate
Le glyphosate est le principal composant de l’herbicide le plus vendu au monde, le Roundup. Lancé par Monsanto en 1975, l’herbicide est actuellement au cœur de multiples controverses.
Monsanto est en effet poursuivi par plusieurs travailleurs agricoles américains atteints de cancer du sang. Ils estiment que leur lymphome a été provoqué par un contact prolongé au Roundup. Ces agriculteurs s’appuient sur les études du CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) et l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui ont classé, en 2015, le glyphosate comme « cancérogène probable pour l’homme ».
Dans le cadre de l’enquête, la justice américaine a déclassifié, le 21 mars 2017, 250 pages de correspondances internes de la firme agrochimique. Monsanto savait depuis 1999 le caractère mutagène du glyphosate et a tenté d’étouffer l’affaire en commandant une étude pour convaincre les régulateurs de la non dangerosité du glyphosate. Or les conclusions de la mission définissaient le glyphosate comme « un clastogène potentiel in vitro », c’est-à-dire qu’il pouvait provoquer des ruptures de l’ADN.
Ces Monsanto Papers ont été révélés quelques jours seulement après que l’Agence européenne des produits chimiques a rendu son avis sur le glyphosate jugeant qu’il n’était pas cancérogène. Une décision qui a suscité l’indignation des ONG environnementales. Une soixantaine d’entre elles ont pointé des conflits d’intérêts de plusieurs membres du comité d’évaluation des risques (CCR), travaillant à la fois pour l’ECHA et des industriels du secteur. Des accusations récurrentes depuis que l’UE s’occupe du dossier.
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L’agent Orange
C’est dans les années 60 que Monsanto découvre l’agent orange.
En 1962, les États-Unis décident d’en faire usage dans la guerre contre le Vietnam. L’aviation déverse l’agent orange au-dessus des forêts vietnamiennes pour faire tomber les feuilles des arbres et gagner en visibilité. Problème : ce polluant chimique dangereux qui contient de la dioxine provoque des maladies de la peau, des cancers et des défaillances du système immunitaire.
En 1978, des milliers de Vétérans portent plainte contre les fabricants de l’agent orange. 10 ans plus tard, les sept producteurs, dont Monsanto, sont condamnés à verser 180 millions de dollars à un fonds de compensation destinés aux soldats américains.
« Les dirigeants de Monsanto savaient que l’agent orange était contaminé à la dioxine mais ils n’ont rien dit et ont même réalisé de fausses études scientifiques pour montrer qu’il n’y avait aucun lien avec le cancer », affirme Marie-Monique Robin, réalisatrice de Le Monde selon Monsanto. Dans les années 1990, plusieurs études montreront que Monsanto avait en effet présenté des analyses scientifiques biaisées pendant le procès.
En 2013, la justice sud-coréenne a ordonné à Monsanto et Dow Chemicals de verser 315 000 euros de réparations aux anciens militaires ayant combattu aux côtés des Américains. Pour les 4 millions de Vietnamiens contaminés, en revanche, aucune indemnisation. Les États-Unis refusent toujours de reconnaître leur responsabilité. En 2005, la justice américaine a ainsi rejeté une plainte d’une association vietnamienne arguant que l’herbicide n’était pas un poison.