Des manifestants en conflit avec la compagnie nationale d’électricité ont investi jeudi la rue de Soweto où a habité Nelson Mandela, menaçant d’incendier son ancienne maison transformée en musée.
Vilakazi Street, où a aussi habité l’archevêque Desmond Tutu, autre prix Nobel de la paix sud-africain, est la principale attraction du township géant de Soweto, aux portes de Johannesburg. "Des gens se sont regroupés aux premières heures du jour et ont menacé d’incendier le musée Mandela et le restaurant Sakhumzi voisin, sur Vilakazi Street", a indiqué la porte-parole de la police Edna Mamonyane.
Les manifestants, dont une première action avaient déjà été dispersée non loin de là mercredi par la police, ont brûlé des pneus et des ordures. Ils demandent que la compagnie publique Eskom renonce à leur imposer un système de pré-paiement de l’électricité, et voudraient pouvoir payer un forfait non lié à leur consommation, ce que refuse Eskom.
La police, qui a bouclé la zone, empêchant l’accès des touristes, a assuré que les manifestants avaient été dispersés une nouvelle fois. Un photographe de l’AFP a constaté dans la matinée que l’ordre était revenu, grâce à une forte présence policière. Contacté par l’AFP, le musée a assuré qu’il restait ouvert. "Nous nous attachons à restaurer l’ordre, éviter les dégâts matériels et enlever les décombres des rues", a précisé Mme Mamonyane.
Les manifestations pour exiger de meilleurs services publics sont fréquentes dans les townships et quartiers populaires sud-africains, et elles tournent souvent à l’émeute.
Eskom, qui peine à répondre à la demande et qui doit régler d’énormes factures pour faire marcher des générateurs de secours, outre ses importants chantiers de constructions de nouvelles centrales et la maintenance du parc existant, a entrepris de faire rembourser les mauvais payeurs. Elle a menacé de couper le courant aux municipalités qui lui achètent de l’électricité en gros sans régler les factures, et veut généraliser le pré-paiement dans les townships où de nombreux habitants ont l’habitude de ne pas payer.