Franck Sinisi, ex-élu FN et conseiller municipal de Fontaine, comparaissait ce mardi devant le tribunal correctionnel de Grenoble. Il est poursuivi pour incitation à la haine raciale. Lors d’un conseil municipal, il avait proposé de payer l’accueil des Roms « avec leurs dents en or ».
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Ce mardi, Franck Sinisi a tenté de minimiser ses propos devant le tribunal correctionnel de Grenoble. Il dit s’être inspiré d’une blague du Comte de Bouderbala, un humoriste de région parisienne. « Je ne savais pas ce qui s’était passé pendant la Seconde Guerre mondiale avec les Juifs », se défend l’élu de Fontaine. « Je n’ai rien contre les étrangers, moi-même je suis d’origine italienne. »
Des explications qui n’ont pas vraiment convaincu le procureur de la République de Grenoble. Il a requis deux à trois mois de prison avec sursis contre France Sinisi, en plus de 2 000 euros d’amende et de deux à trois ans d’inéligibilité.
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L’ambiance était particulièrement tendue au conseil municipal de Fontaine lundi soir où Franck Sinisi, conseiller municipal (ex FN), soutenu par Alexandre Gabriac (Civitas) et ses militants s’opposait aux différents collectifs de gauche.
À la barre, le conseiller municipal a expliqué que ses propos avaient été « volontairement mal interprétés pour, par mon intermédiaire, détruire le Front national ».
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 28 novembre prochain.
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Fontaine : Civitas assure la protection de Franck Sinisi face aux antifas
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Damien Viguier, avocat de Franck Sinisi :
« Il n’est que le bouc émissaire de votre démocratie pourrie ! »
La salle d’audience du tribunal correctionnel de Grenoble où se déroule ce mardi 24 octobre le procès de l’élu fontainois Franck Sinisi est pleine à craquer. À l’extérieur, une grosse centaine de militants de diverses associations ou collectifs antiracistes et antifascistes, de syndicats et de quelques partis politiques se sont mobilisés pour marquer leur indignation.
Pour ces derniers, il était primordial d’être là et « de ne pas rester indifférents à la tenue de propos stigmatisants et violents ». Franck Sinisi, conseiller municipal du groupe Front national, avait en effet suggéré, lors du conseil municipal de Fontaine le 27 février dernier, de récupérer les dents en or des Roms pour financer leur logement. Une déclaration publique qui avait suscité une forte polémique et l’indignation de citoyens, d’associations antifascistes et antiracistes tout autant que celle d’autres élus.
Des conseils municipaux houleux
Ces propos, jugés inacceptables, ont par ailleurs été condamnés par trois des groupes municipaux de la ville de Fontaine (PC, PS et LR) qui ont exigé, tout comme le maire, Jean-Paul Trovéro, que l’élu s’excuse. Ce qu’il n’a pas fait. Le 18 juillet dernier, la commission de discipline du Front national a pour sa part exclu Franck Sinisi qui, depuis, a officiellement rejoint les rangs de Civitas, le parti d’extrême droite ultra-catholique.
Suite à une série de conseils municipaux houleux, Jean-Paul Trovéro, le maire de Fontaine, a quant à lui finalement décidé de porter plainte pour le compte de la Ville qui s’est constituée partie civile. Avant que plusieurs associations ne lui emboîtent le pas.
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Outre la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), plusieurs autres associations et Édouard Schoene, un citoyen fontainois, se sont également portés parties civiles dans ce procès.
« J’ai servi de fusible ! »
Devant la cour, Franck Sinisi, 45 ans, a tenté de botter en touche en minimisant ses propos dont il estime candidement « qu’ils ont mal été interprétés », invoquant même un « manque de formation à l’expression orale des élus » pour expliquer ses écarts de langage. L’ancien encarté au Front national n’a en outre pas manqué de rappeler le contexte électoral.
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« Je me suis laissé influencer par la blague d’un humoriste, le Comte de Bouderbala », tente de se justifier Franck Sinisi. Et de citer ladite blague, dans laquelle l’humoriste imite une vieille femme roumaine en pleurs qui lui montre son enfant : « C’est bébé, pas d’argent ! », supplie-t-elle. « Mais vous avez des dents en or, Madame », rétorque l’humoriste.
À la présidente de la cour qui lui fait remarquer qu’il n’a pas accédé à la demande des élus fontainois de s’excuser, Franck Sinisi argue qu’il a bien produit des excuses publiques lors d’une interview accordée à France 3 Alpes, le 30 mars.
« J’ai bien tenté également de le faire lors du conseil municipal du 27 mars mais les antifascistes m’empêchaient de parler », déplore Franck Sinisi.
Quant aux motifs de son exclusion du Front national, Franck Sinisi dément que la teneur de ses propos sur les Roms en soit la cause. « Si l’on m’a exclu, c’est parce que j’ai osé contre-manifester en présence d’Alexandre Gabriac et de Civitas lors de la Marche des fiertés de Grenoble », explique-t-il. « Les dents en or ce n’était pas leur problème », tient à ajouter l’élu fontainois.
« Franck Sinisi n’est que le bouc émissaire de votre démocratie pourrie ! »
Autant d’explications qui ont bien peu convaincu le procureur de la République. Lequel, au terme d’un réquisitoire très détaillé, a requis contre Franck Sinisi deux à trois mois de prison avec sursis assortis d’une amende de 2 000 euros et de deux à trois ans d’inéligibilité.
Des réquisitions auxquelles a succédé la plaidoirie de Me Damien Viguier, le conseil de Franck Sinisi. L’avocat n’est du reste pas un inconnu dans la sphère de l’extrême droite puisqu’il est très présent aux côtés de Civitas et du sulfureux national-socialiste Alain Soral. Sans oublier qu’il fut le défenseur d’Ilich Ramírez Sánchez, dit Carlos.
Dans sa plaidoirie – plus proche d’une conférence militante que d’une plaidoirie – Damien Viguier n’a pas mâché ses mots : « Nous sommes en plein délire ! », s’exclame-t-il. « Vous êtes le dernier rempart de la raison. Tout n’est que contre-vérités. Nous n’avons qu’un espoir c’est que vous [la Cour] gardiez la tête sur les épaules. »
Puis, montrant successivement du doigt le banc des journalistes et le public, l’avocat s’épanche. « Les vrais coupables c’est la presse, avec les associations derrière et certains élus », fulmine-t-il.
Avant de se lancer dans une série d’arguties juridiques tendant à contester la légitimité des parties civiles. Revenant sur le fond, Damien Viguier terminera sa plaidoirie de manière hallucinante. « Franck Sinisi n’est que le bouc émissaire de votre démocratie pourrie ! », conclura-t-il rageusement, les yeux droits dans ceux de la présidente.
Silence et stupéfaction dans la salle d’audience...