« Il m’a poussée sur le lit. J’ai résisté, il a persisté » : un nouveau témoignage accuse Jean-Luc Brunel, 74 ans, déjà soupçonné d’avoir été l’un des principaux complices de Jeffrey Epstein.
Recueilli par la cellule investigation de Radio France, ce témoignage est celui d’une Américaine qui avait 19 ans au moment des faits, en 1988. Elle raconte comment elle a été agressée sexuellement par Jean-Luc Brunel, ce Français qui joue un rôle clé dans l’affaire Epstein : ancien patron d’une agence de mannequins, il entretenait des liens amicaux et financiers avec l’Américain, accusé de trafic sexuel et d’agressions sexuelles sur mineures et mort après un « apparent suicide » en détention, samedi 10 août. Brunel est par ailleurs soupçonné d’avoir procuré des jeunes filles à Epstein
Les faits que Courtney Soerensen dénonce se seraient déroulés à Paris en 1988. À cette époque, l’Américaine était mannequin à Paris pour l’agence Karin, et Jean-Luc Brunel est le patron de la société. Elle raconte comment elle aurait été harcelée sexuellement pendant plusieurs semaines, puis agressée sexuellement lors d’une soirée à Paris.
Un premier contact inquiétant
En 1988, Courtney Soerensen a 19 ans. Elle est fiancée à un Américain et vient de remporter un concours local en Pennsylvanie puis a été repérée par une agence de mannequins new-yorkaise, IMG. Jusqu’au jour où elle est envoyée à Paris pour les défilés. « J’arrivais de ma petite ville en province, et devenir mannequin à New York était mon rêve. Alors voyager à Paris, c’était encore plus excitant ! J’étais tellement heureuse ! », raconte-t-elle.
Arrivée à Paris, Courtney Soerensen travaille alors pour l’agence Karin Models, sous la direction de Jean-Luc Brunel. Elle est logée par l’agence Karin dans un petit deux-pièces avec un mannequin belge. Elle paye un loyer de 500 dollars (en 1988) par mois. « J’ai très vite rencontré Jean-Luc à l’agence, puis j’ai reçu mon planning établi par l’agence. Je n’ai pas remarqué tout de suite que de nombreux rendez-vous notés sur mon agenda n’avaient rien à voir avec le travail de mannequin. Ce n’était pas non plus des événements mondains habituels. Ils apparaissaient sous les termes ’déjeuner’, événements tardifs, fêtes etc. », poursuit Courtney Soerensen.
« Dans son bureau, il me demandait de soulever ma chemise. Ou encore de me mettre en sous-vêtements. Et ce n’était pas normal dans la situation où nous nous trouvions à ce moment-là. »
À l’agence, on lui explique tout de même que ces événements étaient d’ordre professionnel : « Il y avait un groupe d’hommes d’affaires français, des quadragénaires. C’est avec eux qu’on devait déjeuner, en tête-à-tête. Cela n’avait rien à voir avec le travail. On attendait clairement de nous qu’on ait une relation sexuelle avec eux. » Courtney Soerensen dit s’être souvent sentie mal à l’aise, dès le début, en présence de Jean-Luc Brunel.