Sa famille a longtemps habité Molenbeek, cette commune de Bruxelles où ont grandi certains des principaux auteurs des attentats de Paris. Observateur du conflit syrien (pro-Assad) notamment pour la télévision publique belge (RTBF), auteur de Syriana, la conquête continue, Bahar Kimyongur revient pour Marianne sur la communautarisation galopante de ce repère populaire de la capitale belge.
Marianne : Votre famille a longtemps habité Molenbeek, cette commune de Bruxelles où ont grandi certains des principaux terroristes des attentats de Paris. Pouvez-nous nous décrire le quartier ?
Bahar Kimyongur : La commune se partage entre le "bas" Molenbeek (Ribaucourt, Etang noir…) et le « haut ». Les habitants sont pour la plupart issus de l’immigration marocaine. Le bas, (où vit encore la famille Abdeslam, et où le père d’Abdelhamid Abbaoud tenait un magasin, ndlr) est traversé par la Chaussée de Gand, une chaussée commerçante. On y trouve beaucoup de magasins alimentaires, de magasins de vêtements, (des vêtements de cérémonie, pour les mariages notamment), mais aussi beaucoup de magasins avec les codes vestimentaires religieux. Il y a aussi plein d’organisations caritatives, d’associations de jeunes, de librairies islamiques, etc. Le tout nourrit une ambiance très puritaine. Il est de plus en plus rare de voir des gens non musulmans, à part quelques groupes d’immigrés d’Europe de l’Est, des Roumains, des Polonais etc. C’est donc un quartier de moins en moins ouvert à l’altérité et où la propagande religieuse, très diluée, se retrouve dans des discussions banales qui font penser aux discours de Daech mais à petites doses.
Qu’est ce qui a changé depuis l’arrivée de la première vague de travailleurs immigrés ?
Bahar Kimyongur : Ce qui a changé c’est l’engouement qu’il y a pour la religion, il y a une religiosité, mais pas la religiosité qu’on a connue dans les années 70. A l’époque, les immigrés étaient des travailleurs organisés avec d’autres immigrés, ils avaient l’habitude de côtoyer des Italiens, des Espagnols, etc. Maintenant on a affaire à des guettos où la spiritualité, l’islam culturel, ouvert, bien plus tolérant et périphérique, si je puis dire, dans la vie quotidienne, a quasi disparu. Il y a une véritable surenchère fétichiste. On affirme de plus en plus son code vestimentaire par exemple.
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« Une centaine de quartiers » comme Molenbeek en France, selon Patrick Kanner
Le ministre de la Ville Patrick Kanner a estimé dimanche qu’« une centaine de quartiers en France » présentent « des similitudes potentielles avec Molenbeek », commune bruxelloise frappée par la pauvreté et le communautarisme, qui a acquis une réputation de fief djihadiste depuis les attentats parisiens de novembre.
À la question d’une journaliste : « Combien y a-t-il de Molenbeek aujourd’hui en France ? », le ministre de la Ville, invité du Grand Rendez-Vous Europe 1-i>Télé-Le Monde, a d’abord répondu en expliquant ce qu’est à ses yeux cette commune de la capitale belge, d’où provenaient plusieurs membres des commandos du 13 novembre.
« Molenbeek, c’est quoi ? C’est une concentration énorme de pauvreté et de chômage, c’est un système ultra-communautariste, c’est un système mafieux avec une économie souterraine, c’est un système où les services publics ont disparu ou quasiment disparu, c’est un système où les élus ont baissé les bras », a égrené Patrick Kanner. Interrogé de nouveau sur la situation en France, le ministre a affirmé :
« Il y a aujourd’hui, on le sait, une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qui s’est passé à Molenbeek... Mais il y a une différence énorme aussi (...), nous prenons le taureau par les cornes dans ces quartiers ».